«Nous avons une liste précise de cibles israéliennes prêtes à être utilisée en cas de nouvelle guerre. Toute action israélienne aura un coût», prévient Naim Kassem, le numéro deux du Hezbollah dans une interview au quotidien An Nahar, ajoutant que le «mouvement a développé sa capacité à faire face à tout défi». Dans un autre entretien au quotidien syrien, Al Bina, proche du Parti social national, il affirme que «les préparatifs du Hezbollah tiennent compte de tous les scénarios possibles, par la mer, l'air ou la terre, et sur l'ensemble du territoire libanais». Signes avant-coureurs d'une guerre proche ? Même si le Hezbollah et l'Etat hébreu s'en défendent. Depuis qu'Israël a accusé la Syrie de fournir des missiles Scud au Hezbollah, il y a comme une volonté de préparer les ingrédients d'un remake de l'été 2006 depuis le 8 juillet dernier. Tsahal qui a accusé le mouvement libanais de stocker 40.000 roquettes dans des villages du Sud n'a pas cessé de montrer la puissance de ses renseignements en montrant la force réelle ou supposée du Hezbollah. En montrant des cartes détaillées, des films et des photos aériennes, les Israéliens qui ont été mis à mal au Sud-Liban d'abord, à Ghaza ensuite avec leur «Plomb durci» et enfin lors de la Flottille de la Liberté ont cherché probablement à signifier au mouvement libanais qu'ils sauraient où frapper. D'autant plus que les services israéliens qui n'ont jamais exclu une nouvelle guerre manœuvrent au Sud-Liban pour augmenter les tensions. Notamment entre les forces de maintien de la paix de l'ONU et les supporters de la résistance. «Israël doit être prêt à faire face à toute provocation soudaine ou déclenchement des hostilités», affirme Dan Diker, du Centre de Jérusalem aux Affaires Publiques. Preuve de cette guerre quasiment annoncée. La France et le Liban ont procédé cette semaine à des manœuvres d'évacuation des ressortissants étrangers de Beyrouth. Une première depuis l'évacuation —réelle— à bord du Mistral, en 2006, de plus de 10.000 Français par le port de Beyrouth. «La France apporte un soutien politique sans faille à l'indépendance, à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à la stabilité du Liban. Elle le démontre sur le terrain avec la présence de près de 1 500 soldats français, qui interviennent au sein de la Finul, à la demande du gouvernement libanais», rétorque le ministère français des Affaires étrangères à ceux qui le soupçonnent d'avoir conclu un accord avec Israël en cas de conflit militaire. Le Hezbollah ne semble pas convaincu par les «assurances» françaises. Il réclame la modification d'une convention de sécurité entre Beyrouth et Paris avant sa ratification au Parlement libanais. «Nous voulons que le mot «terrorisme» soit défini clairement dans le texte (...), ou la suppression de la clause évoquant la lutte anti-terroriste», explique Hassan Fadlallah rappelant que «la loi française qualifie le Hamas et le Hezbollah de terroristes, alors que ce sont des mouvements de résistance». Les libanais qui sont travaillés au corps par une presse qui se fait régulièrement l'écho des rumeurs d'une attaque israélienne contre les installations secrètes du Hezbollah retiennent leur souffle pour l'heure.