« Cette proposition, remise aux pouvoirs publics, a été établie suite à des études analytiques lancées ces derniers mois par les spécialistes en criminologie au niveau de l'Institut national de criminalistique et criminologie (INCC) de Bouchaoui sur le phénomène de l'enlèvement des enfants et des mineurs », nous a expliqué, hier, le responsable de la communication du commandement de la Gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Abdelhamid Kerroud. La GN était formelle au sujet de l'urgence à mettre en place un mécanisme efficace d'alerte. En effet, des études ont été effectuées sur le profil des auteurs (âge, situation familiale et sociale, niveau scolaire) et la cartographie des cas ainsi que des victimes. « Il s'agit d'enquêtes pour situer les causes de la pédophilie, de l'enlèvement et de l'assassinat des mineurs. Ces analyses ont été centrées sur les aspects social et juridique du phénomène par des spécialistes de la GN dont des sociologues, des psychologues et des criminologues », a précisé l'officier supérieur qui a fait savoir également que ces études analytiques, réalisées en coordination avec la société civile, les associations des parents d'élèves, les départements de la Jeunesse et des Sports, la Justice, ont touché autant les zones urbaines que rurales. Suite à quoi, des recommandations ont été soumises aux pouvoirs publics dont l'urgence de la mise en place d'un système d'alerte « pour assurer la rapidité et l'efficacité de l'intervention des services de sécurité en cas d'enlèvement », a expliqué le lieutenant-colonel Zahreddine Demane Debbih, directeur du département criminologie de l'institut de criminalistique et de criminologie au niveau de l'INCC. « Cette démarche implique plusieurs partenaires à l'instar de la DGSN, le procureur de la République, en sa qualité de directeur de la police judiciaire, et le directeur de l'enquête, les aéroports, les écoles, les médias », souligne-t-il. Ce système permet aussi la diffusion, durant trois heures, d'un message d'alerte sur les chaînes de télévision, les radios, les agences de presse, les sites internet ou au niveau des gares suivie de la publication des photos des victimes et des portraits-robots des auteurs. « Les médias sont censés également diffuser les appels à témoins », selon le lieutenant-colonel Demane-Debih. Les appels à témoins, les photos des disparus et les portraits-robots seront également diffusés dans les aéroports et aérogares, les panneaux publicitaires placés le long des autoroutes. Toutefois, le criminologue explique que le système est utilisé dans des cas bien précis. « Il faut constater un enlèvement avéré et non une simple disparition, même inquiétante. Il ne s'agit évidemment pas de déclencher l'alerte à chaque fois que des parents s'inquiètent pour leurs enfants. On a constaté, ces derniers mois, des disparitions maquillées, voire des fugues. Le système doit être un mécanisme efficace qui permette de déjouer les tentatives d'enlèvement », précise l'officier supérieur pour qui le rôle des citoyens est primordial. Les services de sécurité doivent être informés en temps réel. « Les premières heures qui suivent un enlèvement sont décisives. C'est avec cette alerte que nous pouvons dissuader le criminel. Parce que c'est le moment où l'auteur est dans une phase de vulnérabilité, au point de commettre des erreurs. C'est durant cette phase que sont généralement élucidées les affaires d'enlèvement », a expliqué le criminologue de la GN. Les délinquants sexuels sous haute surveillance Côté prévention, le lieutenant-colonel Demane Debbih estime qu'il serait utile que des actions soient entreprises à l'égard des auteurs de délits sexuels, notamment les récidivistes, par la création d'un fichier national des délinquants sexuels et l'instauration de traitements d'obligation prononcés par des ordonnances judiciaires accompagnés de sanctions pénales. « L'auteur répond principalement au profil psychopathologique et il existe différents types d'agresseurs et chaque pédophile est particulier, puisque la structure psychopathologique est à déterminer pour chaque cas », a rappelé l'expert. Mise en place de mesures préventives Outre les mesures déjà en place, les services de la GN viennent de renforcer leur présence à l'approche des vacances scolaires. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre de l'application des directives du Premier ministre Abdelmalek Sellal à l'issue d'un conseil interministériel sur l'enlèvement des enfants. Pour ce faire, un dispositif sécuritaire spécial a été mis en place au niveau des espaces publics. « Des patrouilles mobiles et pédestres ont été renforcées au niveau des forêts de Bouchaoui et Bainem », souligne un responsable au niveau du groupement territorial de la GN de la capitale. La mesure va toucher toutes les wilayas, apprend-on auprès de la cellule de communication de cette institution. La GN a rappelé les mesures déjà prises à l'occasion de la rentrée scolaire. Des patrouilles ont été mobilisées aux alentours des établissements scolaires pour détecter tout mouvement suspect. Du côté de la police, la responsable du bureau de la protection des mineurs et de la femme auprès la Direction de la police judiciaire a indiqué que la police va sensibiliser la société civile. « Les associations activant dans le domaine de la lutte contre la délinquance juvénile seront associées aux différentes activités de la police dans le cadre l'année de l'Algérie de la prévention. Des campagnes seront, bientôt, lancées dans les grandes villes », explique la responsable. D'autre part, les brigades mobiles de la police judiciaire (BMPJ) ont renforcé leurs patrouilles au niveau des espaces isolés. « Le plan d'action consiste à occuper le terrain et renforcer le travail de proximité et le travail de renseignement. La prévention permettra l'anticipation afin de déjouer les tentatives de kidnapping », explique un cadre de la police au niveau de la DGSN.