Durant les deux premiers mois de l'année en cours, 975 enfants ont fait l'objet de violences dont 276 ont été victimes d'agressions sexuelles. Selon les chiffres de la police, 54 enfants ont été enlevés durant cette période. Parmi eux, deux ont été assassinés à Constantine. La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a fait de la lutte contre l'enlèvement de mineurs « une priorité au même titre que le terrorisme et le trafic de drogue », selon les propos du directeur de la police judiciaire (DPJ), le contrôleur Kara Bouhadba, lors du forum de la Sûreté nationale animé, hier, à Alger. La rencontre a été consacrée aux kidnappings en Algérie. A l'occasion, le DPJ a exposé un rapport chiffré sur les cas enregistrés et traités ces dernières années, tout en affirmant que « le phénomène ne date pas d'aujourd'hui ». Selon les statistiques, 11 cas d'enlèvement suivi d'abus sexuels et assassinat ont été enregistrés depuis 2003. Le mobile, dans la majorité des cas, est d'ordre sexuel ou par vengeance familiale, comme c'est le cas d'un garçon âgé de 6 ans, enlevé, violé et assassiné à Ouargla par son demi-frère âgé de 15 ans. Il y a aussi l'affaire d'un nourrisson de 11 mois à Oum El Bouaghi qui a été égorgé par un proche parent après qu'il ait abusé sexuellement de lui. L'auteur était en conflit avec le père de la victime. Autre crime odieux : le viol et l'assassinat d'un enfant de 4 ans dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj par son voisin, âgé de 16 ans. L'enquête a révélé que l'auteur a agi par vengeance. « Le frère de la victime aurait abusé sexuellement du frère de l'auteur », note le rapport. Le DPJ a tenu à préciser qu'il ne s'agit nullement de réseaux criminels organisés mais « plutôt, de cas isolés » dont la majorité a été élucidée, à l'exception de l'assassinat d'un enfant de 10 ans, retrouvé ligoté et enterré près d'un cimetière, à Mascara. « Les affaires de kidnapping et d'assassinat sont élucidées à 90% », a précisé Kara Bouhadba. Interrogé sur l'action de la police pour juguler ce fléau, le responsable de la police judiciaire a affirmé que la police est chargée de la sécurité des citoyens dans le cadre d'un dispositif sécuritaire global. « Il n'y a pas de dispositif spécial mais on a renforcé le contrôle au niveau des établissements scolaires, les lieux publics et les espaces vides », a souligné le DPJ. Concernant la prise en charge des alertes sur les enlèvements, l'officier supérieur a tenu à préciser que l'alerte ne doit être lancée que dans le cas réel d'enlèvement sur la base de données. « Dans le cas des deux enfants de Constantine, tous les services de police ont été mobilisés dans l'opération de recherches et d'investigations », a-t-il précisé. Outre ces mesures, les psychologues de la police assurent le suivi psychologique des victimes et de leurs parents.