Nasredine Guenifi est un réalisateur d'origine algérienne. Il a débuté sa carrière professionnelle à la Radio diffusion télévision française (RTF). Il existe un bon nombre de résistants anticolonialistes. Pourquoi avoir sélectionné le personnage du Dr Daniel Timsit ? Daniel Timsit est un militant algérien du FLN méconnu de la scène algérienne. J'ai voulu à travers cette démarche sortir de l'anonymat ce personnage historique. Mon choix n'était pas fortuit. J'ai lu un jour le livre de Daniel Timsit «Algérie : récit anachronique », édité chez Bouchène. J'ai été séduit par la lecture de cet ouvrage. Je me disais qu'une personnalité de cette envergure ne devait pas demeurer méconnue de la jeune génération. Je lui ai donc proposé de raconter son histoire devant mon petit caméscope DV. Au début, il était réticent à parler de lui-même, surtout par modestie. Comment les critiques ont accueilli votre production ? Avez-vous eu des difficultés d'ordre politique pour la réalisation de ce film ? Mon film a bien été accueilli que ce soit en Algérie où en France. Je n'ai pas eu de difficultés d'ordre politique. Il me manquait seulement un logiciel de montage, qui coûtait très cher à l'époque. Pour le tournage, je n'ai pas eu de difficultés qu'on rencontre en général avec un producteur ou un diffuseur, car j'étais seul maître à bord de mon projet. Mon seul regret est de ne pas avoir disposé d'un matériel professionnel. Pensez-vous qu'il faille beaucoup d'argent pour réaliser ce genre de film ? Alors là, pas du tout. Je n'ai pas imaginé que ce film serait un jour projeté en salle de cinéma. Comme quoi, on peut réaliser un film intéressant avec de modestes moyens techniques. Estimez-vous que votre film puisse avoir ses chances de décrocher le ticket gagnant lors d'un festival ? Sincèrement, je n'ai aucune idée. Cela dépend probablement de la thématique autour de laquelle gravite le festival. J'ai dernièrement proposé mon film à Bejaïa lors des journées cinématographiques. Je n'ai malencontreusement pas eu de réponse auprès du responsable de cette manifestation. Que faut-il pour réussir un film ? A vrai dire pas grand chose. Il m'a fallu une caméra, un microphone de bonne qualité, un logiciel de montage moyen. Par contre, il faut travailler sur le montage, c'est-à-dire synthétiser les paroles, éviter les redondances de l'auteur… Que répondez-vous à ceux qui disent que votre film est une sorte d'hommage aux Algériens non musulmans qui ont activement participé à la guerre de libération nationale, et sont aujourd'hui injustement méconnus ? C'est justement ce que ce film véhicule comme message. Vous vous considérez comme un citoyen d'une nation formée de divers apports. Vous ne reniez pas donc votre double culture, algérienne et française. Justement, comment définissez-vous les relations actuelles entre l'Algérie et la France ? Il n'y a pas une véritable écriture de l'histoire. Une question subsidiaire, comment avez-vous vécu la polémique autour du film «Hors la loi», le dernier film de Rachid Bouchareb lors de la 63e édition du Festival international du cinéma de Cannes ? J'ai mal vécu cette polémique mais je n'ai pas été surpris. Le fait que ce film a suscité une polémique en France, cela veut dire qu'il dérange certains, car il apparaît comme une arme pour d'autres dans leur combat. Des films comme celui de Rachid Bouchareb sont nécessaires. Le fait que des problèmes soient posés, qu'on en parle et on polémique dessus cela permet d'élargir la réflexion et d'aller au fond des choses. Des projets en perspective ? Je prépare en effet une suite à ce documentaire. Autrement dit, je me penche dans mon travail sur la mémoire. Il existe plusieurs noms d'Algériens non musulmans qui ont activé à la guerre de libération nationale, je pense entre autre à William sportif. Un mot de la fin ? Je regrette que le public n'ait pas afflué à la filmothèque Zinet pour assister à cette projection. Selon certaines sources, les gens ont préféré suivre le match qui opposait en demi-finale de la coupe du monde 2010, l'équipe d'Espagne (la Roja) contre son homologue allemand.