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Nasredine Guénifi. Cinéaste : « Daniel Timsit a adhéré à la révolution sans aucune réserve »
Publié dans El Watan le 25 - 03 - 2010

Dans un film de deux heures, le cinéaste Nasredine Guénifi recueille le témoignage de Daniel Timsit, Algérien d'origine judéo-berbère, sur son engagement pour une Algérie indépendante forte de toutes ses composantes humaines. Daniel Timsit, décédé le 1er août 2002, fait partie de ces Algériens non musulmans qui ont participé activement à la guerre pour l'indépendance de l'Algérie et qui sont aujourd'hui oubliés ou méconnus. Le film de Nasredine Guénifi sera visionné aujourd'hui, jeudi 25 mars, à Paris, aux Trois Luxembourg, à 21 h. La projection sera suivie d'un débat avec le réalisateur Nasredine Guénifi, Alice Cherki, psychiatre, Catherine Simon, journaliste au Monde (sous réserve) et Abderrahmane Bouchène, son éditeur.
Pourquoi un film sur Daniel Timsit ?
Mon intérêt est que les Algériens qui ont participé à la guerre de libération, quelle que soit leur origine ethnique ou confessionnelle, puissent raconter aux générations qui n'ont pas participé à cette guerre ce qui s'est passé, les raisons de leur engagement. Quand j'ai rencontré Daniel Timsit en 1998 dans un cadre associatif, moi-même je ne savais pas exactement qui il était. J'ai commencé par filmer la cérémonie de remise du prix de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) à Daniel Timsit pour son livre, Algérie, récits anachroniques. Il m'a fallu quelques jours pour le convaincre de revenir sur ce passé et d'accepter que son témoignage soit filmé. Il y a eu quatre entretiens étalés sur une période de six mois, de début 2000 à juin 2000. Je voulais qu'il réponde à mes questionnements.
Par exemple ?
Ce qui l'a motivé, en tant que juif, à participer à la guerre de libération nationale. Daniel Timsit s'est engagé dans ce combat, pas seulement en apportant son soutien politique, moral ou matériel comme d'autres l'ont fait, il est allé plus loin, il a fabriqué des bombes. Il s'est senti partie prenante de cette cause ? Il aspirait à une Algérie indépendante avec toutes ses composantes. Disparu le 1er août 2002, Daniel Timsit fait partie de ces Algériens non musulmans qui ont participé activement à la guerre pour l'indépendance de l'Algérie et qui ne sont pas connus.
Qu'est-ce qui vous a semblé le plus important à retenir de vos entretiens ?
Dans ses réponses, Daniel Timsit a balayé un champ très large : l'identité algérienne, la nation algérienne, l'Algérie avant la révolution, pendant la révolution, après l'indépendance. C'était à la fois un cours d'histoire et un appel aux Algériens d'aujourd'hui pour leur dire : « Vous ne savez pas d'où vous venez, vous ne savez pas ce qu'était l'Algérie sous l'emprise coloniale. Soyez fiers de votre algérianité. » J'ai retenu deux heures d'entretien. L'exercice n'était pas facile.
Et qu'avez-vous découvert ?
D'abord l'homme. C'est quelqu'un d'extrêmement sensible, modeste, généreux, qui possède une vaste culture, qui comprend très bien l'histoire de son pays. Ensuite, l'homme d'action. Lui, un médecin, a choisi comme remède pour soigner son pays, de prendre les armes. Il fallait le faire, disait-il, parce que le colonialisme ne laissait pas d'autre choix. Il y a aussi l'homme qui réfléchit beaucoup, confronté à sa propre conscience. Malgré les déviations qu'elle a connues post-indépendance, il est resté fidèle à la révolution de novembre 1954. S'il critique ce qui s'est passé après l'indépendance, il en a la légitimité. Avec quelques mots très simples, il a exprimé dans le film son dépit.
Et il administre une très belle leçon de tolérance...
Daniel fait la part des choses. Il exprime une tolérance envers ceux qui n'ont pas commis de crimes. Il développe un message de paix pour le futur.
C'est ce qu'il faut retenir du film ?
Les propos de Daniel Timsit s'adressent aussi bien aux Algériens, qu'aux pieds-noirs, aux juifs qui sont partis, et aux Français qui n'ont pas compris grand-chose à cette guerre de libération. Et aux gouvernements des deux pays ? Evidemment aux gouvernements des deux pays. Pour ce qui concerne l'Algérie, il considère qu'il est temps d'écrire la véritable histoire et qu'il faut en finir avec les non-dits. Daniel Timsit répond aussi aux Français qui parlent des bienfaits de la colonisation. Il exprime ce que pense la majorité des Algériens à ce sujet.
Comment sa famille a-t-elle accueilli le film ?
Avant même de le montrer au public, la famille et surtout les filles de Daniel ont vu le film. J'ai ensuite envoyé le DVD à Monique, sa veuve, qui n'habite pas Paris. J'ai eu en quelque sorte un feu vert moral de la famille et j'ai travaillé encore sur le montage. Je suis arrivé à une mouture de 2h05, je me suis dit que ce serait ennuyeux pour un public en salle. Quand j'ai visionné le film au Magic cinéma de Bobigny, la directrice du cinéma a proposé à la famille d'organiser une projection publique sur invitation. A notre grande surprise, la salle était comble. Je me suis demandé si les gens allaient rester jusqu'à la fin. Personne n'a quitté sa place pendant toute la durée de la projection. Tout cela, grâce au talent de conteur de Daniel et à son authenticité.
Que va devenir ce film ?
J'ai quelques contacts en France pour une programmation éventuelle. En Algérie, je n'ai pas encore fait de démarche. Des associations, notamment à Alger, peuvent organiser une projection. D'ici l'été, les contacts pourront être pris. Pourquoi avoir choisi le témoignage à voix unique, celle du narrateur ? Ce n'est pas un documentaire classique autour d'un portrait. J'ai voulu laisser la parole au témoin.
Quel but vous êtes-vous assigné en réalisant ce film ?
Je me considère un peu comme un passeur de mémoire. Depuis quelques années, je constate, et je ne suis pas le seul, que le mot patriotisme, dans le sens noble du terme, a disparu. Des jeunes harraga quittent ou veulent quitter l'Algérie, d'autres algériens ne se sentent plus concernés par leur pays. Pourquoi ne fait-on rien pour que la jeune génération puisse comprendre que l'Algérie c'est son pays et qu'il faut faire avec ? Il n'y a pas mieux que le témoignage d'un ancien, à condition qu'il soit rendu sans langue de bois, sans tabous. C'est ce que fait Daniel Timsit, je suis certain que d'autres le feront aussi.
Quels seront les prochains témoins ?
Un producteur français s'est montré intéressé par ce film. Il me propose de continuer sur le même thème pour la télévision, avec la réalisation d'un documentaire classique avec deux ou trois témoins.
Ce genre de documentaire n'a-t-il pas été déjà fait ?
Il s'agit de rappeler que la participation à la guerre de libération nationale a été plurielle, même si la participation des non-musulmans était minoritaire. Je ne parle pas des Français de France qui ont soutenu le mouvement de libération. Très peu.


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