Dioncounda Traoré, le chef d'Etat par intérim, a nommé, samedi, Mohamed Salia Sokona, ministre des Forces armées (1997-2000) et ambassadeur au Burkina Faso et au Niger (2000-2003), puis en France (2003-2010), président et de la CDR, Commission dialogue et réconciliation, une instance créée le 6 mars dernier par le gouvernement, conformément à la « feuille de route » pour la transition approuvée par l'Assemblée nationale, le 29 janvier 2013 et aux souhaits des partenaires étrangers du pays. Objectifs assignés à cette commission dont la durée de vie ne saurait excéder deux ans : « rechercher, par le dialogue, la réconciliation entre toutes les communautés maliennes » et « recenser les forces politiques et sociales concernées par le processus de dialogue de réconciliation ». Pour montrer sa volonté de mettre la femme au centre de ce processus de dialogue et de réconciliation nationale, le gouvernement nomme Mme Touré Oumou Traoré, présidente de la Coordination des associations féminines (Cafo) numéro « deux » de cette commission. Méti Ag Mohamed Rhissa, un douanier originaire d'Aguelhok (Kidal), sera son numéro trois. Selon la presse malienne, la liste des trente « commissaires », qui seront choisis parmi les forces vives de la Nation, sera connue dans les prochains jours. Une de leurs principales missions : enregistrer les cas de violation des droits de l'Homme commis sur tout le territoire national et ce, depuis le début des hostilités jusqu'à la reconquête totale du pays. Mais le décret du président ne fait pas cas de Kidal qui abrite des bases des armées française et tchadienne. Le MNLA, qui a pris le « pouvoir » dans cette région avec un coup de pouce de la France, refuse de désarmer. Soumeylou Boubèye Maïga, l'ancien ministre des Affaires étrangères du Mali redoute deux cas : voir ce mouvement qui a défié Bamako en désignant « un administrateur » pour son fief, « recycler en son sein des éléments venus des autres mouvements et qui ne seront pas plus fréquentables parce qu'ils auront changé d'étiquette » ou apprendre que la population fait un amalgame entre Touareg, MNLA et terroristes. Samedi, des femmes de cette ville du nord ont manifesté pour dire leur refus de rester sous tutelle de l'autorité de Bamako. Il est impossible de revenir dans un pays « où les soldats les ont égorgées », disent-elles. Laurent Fabius se rendra vendredi prochain à Bamako pour pousser, dit-il, les principaux responsables de la transition politique qu'il va rencontrer, à tenir des élections présidentielle et législatives en juillet, comme prévu. C'est la seconde fois que le patron de la diplomatie française se rendra au Mali. François Hollande a déclaré jeudi soir que Paris serait « intraitable » sur la tenue d'élections en juillet. Un délai que de nombreux experts remettent en cause, en raison, notamment de l'instabilité de la situation dans le nord et de la question des réfugiés et déplacés. Sur le terrain, deux incidents surviennent dans la foulée des commentaires de François Hollande sur les objectifs de ses troupes au Mali qui seraient « atteints ». Un kamikaze a actionné samedi sa ceinture d'explosifs après avoir tenté sans succès de forcer le barrage de l'entrée ouest de Tombouctou, tenu par les militaires maliens. Des groupes terroristes ont profité de cette attaque pour s'y infiltrer. Deux parmi eux ont été tués.