« Il est question d'instaurer une nouvelle méthode de régulation du marché », a indiqué, hier, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, lors d'un colloque à Alger sur la « sécurité alimentaire : quels programmes pour réduire la dépendance en céréales et lait ». Les industriels, notamment de l'agroalimentaire, ont exprimé, eux aussi, le souhait que ces subventions soient réorientées de telle manière à réduire la facture de l'importation. Ainsi, concernant la filière lait, ils ont estimé préférable d'accroitre la subvention accordée aux éleveurs pour améliorer la production locale du lait cru que de subventionner la poudre de lait. Le gouvernement consacre une enveloppe de 46 milliards dinars pour la subvention de la filière lait dont 27 milliards DA pour la poudre de lait. La Conféderation des industriels et des producteurs algériens (CIPA), par la voix de Abdelwaheb Ziani, président de la filière lait, a proposé que les subventions soient octroyées également aux agriculteurs pour pouvoir renforcer la production nationale qui ne dépasse pas les 30%. Pour la CIPA, il est impératif de constituer un stock de guerre. « Ce dernier est inexistant », a-t-il déploré tout en soulignant que l'appel du ministre de l'Agriculture, lancé aux industriels du secteur de l'agroalimentaire pour s'impliquer en amont dans cette bataille de la sécurité alimentaire en se basant beaucoup plus sur la production agricole nationale, a été entendu. En effet, le ministre de l'Agriculture, Rachid Benaissa, a souligné que « la marge du progrès est importante et que l'avenir de l'agroalimentaire dépend, aujourd'hui, de la production agricole nationale ». La CIPA est du même avis sauf qu'elle estime qu'il est primordial de libérer les initiatives au profit des industriels et, surtout, de réduire les subventions à l'importation. Selon M. Ziani, il faudrait également réduire la consommation nationale du lait, estimée à 147 litres par habitant et par an indiquant que celle-ci dépasse les normes recommandées par l'organisation mondiale de la santé, à savoir 90 litre /habitant /an. Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), initiateur de ce colloque, Reda Hamiani, a, pour sa part, souligné que les industriels sont prêts à apporter leur valeur ajoutée et s'impliquer en amont dans le développement de la filière agroalimentaire via la transformation des produits agricoles nationaux. Il fera observer que l'Algérie est parmi les rares pays qui importent la matière première. Les propositions du patronat « Nous devons assurer notre sécurité alimentaire à hauteur d'un seuil minimum de 70 à 80% pour les céréales et le lait », a soutenu M. Hamiani. Ainsi, le FCE a proposé une batterie de mesures pour le développement d'une production autosuffisante pour les deux produits. Concernant le lait, le patronat a souhaité qu'il ait une consommation normative de 90 litresHabitant/an en traçant un objectif pour atteindre, sur une période de 7 à 10 ans, un niveau de production de 3,6 milliards de litres de lait. Pour ce faire, le FCE propose, entre autres, de développer la culture de fourrages en irrigué par la mobilisation de surfaces évaluées à 250 000 hectares, la mise en place d'une nouvelle industrie de fourrages déshydratés, la création d'un réseau de 500 pépinières de génisses d'une capacité unitaire de 500 têtes chacune, tout en mettant en place un programme de formation pour les éleveurs. Pour ce qui est de la production céréalière, le FCE propose également de développer un programme d'extension spatiale de la culture de blé dans les Hauts-plateaux et dans le sud du pays, de mettre en œuvre un plan de fertilisation adapté à la nature des sols et d'accorder une aide aux agriculteurs impliqués dans le programme d'intensification des céréales.