Le Forum des Chefs d'entreprise (FCE) a estimé lundi que l'Algérie pourrait parvenir à produire 70% à 80% de ses besoins en céréales et en lait dans les dix prochaines années, à condition que les agroindustriels s'impliquent davantage dans l'amont agricole. "Doubler quasiment en l'espace de sept à dix années le niveau actuel de la production nationale en céréales et en lait est l'objectif global recherché (...)", a indiqué le Forum dans un rapport résumant les mesures proposées lors d'un colloque organisé sur ''La sécurité alimentaire : quels programmes pour réduire la dépendance alimentaire en céréales et lait''. Le FCE "demeure convaincu" que l'objectif d'améliorer la production nationale céréalière et laitière "est à notre portée, car notre pays dispose des ressources de base nécessaires", selon ce rapport. Selon le FCE, il faut une "politique déterminée centrée sur l'entreprise", source de la richesse, qui crée des emplois productifs et permanents et qui fait la croissance économique. Concernant le développement de la production autosuffisante en lait, le Forum propose notamment de doter le pays d'un patrimoine de 600.000 vaches sélectionnées, et atteindre un rendement de 6.000 litres par vache et par an. Pour les céréales, le FCE préconise d'étendre les superficies de production vers les hauts plateaux et le sud en développant des systèmes d'irrigation à grande échelle, et réduire la jachère. Selon le Président du FCE, M. Réda Hamiani, les céréales et le lait représentent 50% des importations alimentaires de l'Algérie dont la facture globale est passée de 3 milliards de dollars en 2002 à 9 milliards de dollars en 2012. La filière lait coûte au trésor public 46 milliards de DA en moyenne annuellement, dont 27 milliards de DA au titre du soutien de l'Etat à la poudre de lait importée chaque année. "Cela doit nous conduire à nous poser la question de savoir si cela correspond bien à nos besoins réels, car la fuite aux frontières des produits subventionnés et leur détournement de leur destination initiale sont aussi à examiner de près", a noté M. Hamiani. "Pour ne pas rester dans l'expectative, nous devons agir et examiner le potentiel agroalimentaire dont nous disposons et proposer des mesures qui nous permettront de le rentabiliser au mieux de nos intérêts", a ajouté M. Hamiani rappelant le spectre de la crise alimentaire mondiale . Le ministre de l'Agriculture, M. Benaïssa, a salué la prise de conscience collective sur la question de la sécurité alimentaire et l'intérêt que porte aujourd'hui les industriels à l'amont agricole en Algérie. "Les industriels doivent s'intéresser à l'amont agricole en apportant les techniques et la technologie pour un meilleur encadrement de l'activité agricole", a dit le ministre. Il a rappelé qu'après avoir réglé les problèmes de fonds de l'agriculture notamment ceux liés au foncier et au financement, la marge du progrès s'avère encore énorme. "C'est un appel fort à l'investissement dans l'agriculture et l'agroalimentaire, deux domaine intimement liés", a-t-il souligné. Le président du Conseil interprofessionnel du lait, M. Mahmoud Benchekour a souligné pour sa part que les industriels "devraient cesser de braquer les yeux sur le port et se soucier plutôt des problèmes de l'éleveurs et de ses besoins". "L'éleveur et l'industriel ont la même destinée. La pérennité de l'un dépend de celle de l'autre", a-t-il dit. Outre le ministre de l'Agriculture et du développement rural, le ministre du commerce, M. Mustapha Benbada, a également assisté à ce colloque, suivi également par des experts nationaux et internationaux.