Dans le long processus de la lutte armée, l'Algérie s'est battue en larmes et en sang pour arriver à point nommé à arracher son indépendance. Les armes à peine mis en berne pour comptabiliser le chiffre macabre de 1.5 million de morts, la logique des vainqueurs a prévalu pour mettre l'administration coloniale à table et négocier les termes de la souveraineté nationale. A Evian, les pourparlers algéro-française ont abouti à un cessez le feu le 19 mars 1962, date historique qui fit basculer les tenants de l'ordre colonial dans le dernier quart d'heure du désespoir. Une période transitoire marquée par un grand complot contre la légitimité. A quelques mois de la tenue du référendum pour l'indépendance, L'organisation Criminelle OAS a sévi par des actes terroristes contre la population sur tout le territoire national, faisant un nombre incalculable de victimes. Face à cet acharnement à casser tout espoir de paix, le quotidien des Algériens était à l'heure de la solidarité et le calme pour ne pas tomber dans le piège de la provocation. Ce grand défi pour conserver les acquis arrachés dans la ville helvétique a pris corps dans la farouche résistance des Algériens. Malgré le cortège quotidien de morts, l'indépendance faisait son bonhomme de chemin, on s'acheminait vers un début de règne national. Les premiers étendards accrochés sur les balcons faisaient ressentir la fierté d'avoir enfin réussi un difficile parcours de combattant. C'était le jour d'une victoire qui reprit ses droits dans le calendrier des fêtes nationale. On n'aura pas assez dit sur cette très difficile période qui avait frisé l'échec. Comme dans toutes les luttes, le recouvrement des droits ne s'est pas fait sans effusion de sang. Le langage des armes employé depuis le début du déclenchement de la lutte armée eut l'effet escompté. Se substituant à l'hypothétique paix des braves proposée par le général De Gaule, la reconnaissance de la souveraineté nationale fut acquise de haute lutte. Après quarante sept ans, la commémoration du 19 Mars nous revient pour mesurer son important impact transitoire, qui permit de passer une épreuve trempée dans la dernière illusion des tenants de l'Algérie française. Au son de l'hymne national, il y a cette expression pour dire que ce fut une gestation mouvementée d'une indépendance à terme. Mohamed Bentaleb.