Au cours de cette manifestation culturelle, la majeure partie des femmes s'est emmitouflée du blanc haïk, tenue vestimentaire typiquement locale, pour rendre hommage à cette association qui œuvre et contribue, depuis une dizaine d'années, à la protection et la promotion du patrimoine culturel matériel et immatériel algérien. Dynamique à souhait, le président de l'association en question, Abdelkader Achour, a souligné, dans son allocution, les difficultés inhérentes à l'organisation de cette manifestation en raison, notamment, de l'absence, dans notre pays, de la culture du sponsoring : « Il nous a fallu beaucoup d'efforts pour la concrétisation de notre objectif. C'est grâce au soutien de l'Office national des droits d'auteurs et des droits voisins ainsi que l'apport de la direction du Théâtre national algérien que l'association a pu organiser cette rencontre conviviale ». M. Achour a rappelé, sur un autre plan, l'importance, mais aussi et surtout toute la symbolique du haïk qu'il a qualifiée volontiers d'« identité algéroise ». Il a précisé, en outre, qu'en dépit de l'absence de certains invités, retenus par des empêchements professionnels, l'association a tout de même réussi le pari de réunir trois grandes figures de la chanson algérienne, connues et reconnues sur la scène artistique nationale : Zakia-Kara Torki, Abdelkader Chaou et Goussem. Mohamed Benmedour, architecte, a fait un tour d'horizon et d'histoire sur le haïk. Il a rappelé, à ce propos, qu'avant l'avènement de cette tenue, les Algéroises mettaient des « fouta », une sorte de fichu, pour se couvrir la tête en sortant de leurs maisons. Pour mieux faire passer le message, l'orateur a convoqué l'histoire et a rappelé que le haïk a remplacé la « fouta ». L'architecte a, toutefois, relevé que ces dernières années, la tenue traditionnelle algéroise, le haïk, tend à disparaître, d'où la nécessité de sa préservation et de sa mise en valeur. Côté musique, les vedettes du jour ne se sont pas fait prier pour faire voyager l'assistance. Zakia Kara Torki a fait son entrée sur scène sous un tonnerre d'applaudissements. Souriante, elle a ouvert le bal après avoir salué le public et ses musiciens, en interprétant des chansons choisies du patrimoine musical andalou, à la grande satisfaction de la salle qui semble revivre, l'espace de cet anniversaire, des moments qui rappellent le bon vieux temps. Avec sa voix douce et mélodieuse, elle a, tour à tour, fait danser et voyager les présents sur des textes d'une incroyable beauté. Abdelkader Chaou, comme il sait bien le faire, a enflammé la salle avec son riche répertoire. L'artiste, repu à la scène, a entonné ses plus belles et anciennes chansons qui font encore danser la jeune génération, sous des youyous stridents du public, qui a repris, dans une véritable synergie, certains titres en ovationnant son idole. La voix montante de la chanson chaabi, Goussem, a, elle aussi, fait sensation. Son passage n'a laissé personne indifférent. La chanteuse a impressionné l'assistance, tant ses capacités vocales et sa force d'interprétation sont extraordinaires. « El Hadria » compte récidiver en juin prochain à l'occasion de la Journée internationale de l'enfance.