Une conférence qui s'inscrit dans le cadre des soirées ramadanesques que la formation de Belkhadem compte animer pendant ce mois de jeûne. Ahmine Chafir, expert en économie et professeur à l'université d'Alger, était le principal animateur de cette conférence à laquelle ont pris part des ministres FLN, pour ne citer que Amar Tou et El Hadi Khaldi, respectivement ministre des Transports et de la Formation professionnelle. Le conférencier qui souligne un taux de dépendance de 97% de l'économie nationale aux hydrocarbures, qualifie cette dépendance de dangereuse : « Un pays qui dépend des hydrocarbures devient économiquement un pays non productif, se caractérise par l'absence de gestion rationnelle et s'éloigne de plus en plus de la bonne gouvernance ». Rappelant le parcours de l'économie nationale depuis 1962, l'expert rappelle que la richesse du pétrole s'est posée au sommet de l'Etat juste après l'indépendance. Cependant, le recours à d'autres secteurs de développement a été, pour des raisons climatiques, matérielles et humaines, vain. A titre d'exemple, il cite l'« échec » de la politique de développement de l'agriculture, entreprises dans les années 1960 et 70, « en raison du caractère semi-aride du pays, le phénomène des érosions et des moyens matériels et humains qui faisaient défaut », a-t-il souligné. Comme alternative, l'Etat avait décidé, poursuit l'orateur, de se lancer dans l'industrie. Il dira à cet égard que « le choix de l'industrie était beaucoup plus politique qu'économique, car, comme dans chaque Etat, il contribue à la stabilité politique ». Pour M. Chafir, dans les années 1970, le secteur de l'industrie était sur rails et constituait la locomotive de développement de l'économie nationale : 400 unités de production et 400 autres entreprises industrielles fonctionnaient en 1972. « Les hydrocarbures ont été exploités dans le développement de l'industrie », note encore le conférencier. Or, dans la période qui a suivi, « il y a eu une désindustrialisation de l'Algérie », pour reprendre l'expression du professeur. Citant les expériences de la Corée et de la Chine, il insiste sur la nécessité de redonner priorité au secteur de l'industrie puisque, appuie-t-il, « il ne peut y avoir un développement économique sans politique d'industrie solide ». Dans le même sens, cet économiste indique que depuis 1999, des efforts ont été consentis pour restructurer les bases de l'industrie au pays. « Il y a une stratégie nationale pour promouvoir le secteur. Pour faire aboutir cette stratégie, la distribution rationnelle de la richesse s'avère inéluctable », tenait à conclure le professeur Ahmine Chafir.