La triche pendant les examens est devenu un phénomène qui laisse les enseignants perplexes. De nos jours, tous les moyens sont bons pour obtenir de bonnes notes. Antisèche, échange de brouillons, le tour de l'élastique, l'écriture sur les murs ; et même les règles et les calculatrices qui sont certes des techniques anciennes pour tricher, semblent toujours d'actualité chez certains. Ces étudiants ne reculent désormais devant rien pour « réussir » aux examens. Si auparavant les élèves de classe d'examen (Bac, BEM ou 6e) se préparaient une année à l'avance pour réviser leurs cours afin d'assurer les épreuves le jour J, ce n'est malheureusement pas le cas maintenant. Même s'il reste une bonne majorité d'élèves corrects qui demeurent attachés à l'honnêteté intellectuelle, une nouvelle culture, qui semble découler de l'instinct du gain facile, est adoptée par un certain nombre de candidats, particulièrement ceux du bac. Imad, un étudiant en classe terminale à Aïn Benian, estime : « Les élèves doivent être conscients de l'enjeu et de l'importance des examens. » « Il s'agit du baccalauréat, c'est un examen très important. C'est l'épreuve de 13 années de travail alors qu'un candidat triche pour l'avoir, c'est comme s'il n'avait rien fait durant ces années », dira-t-il. « Les étudiants doivent être à la hauteur de ce niveau d'études », a-t-il ajouté. Contrairement à lui, Walid, qui partage avec lui la même classe, a révélé que les candidats, de nos jours, innovent en matière de technique de copiage. « Au cas où je n'arriverais pas à répondre aux questions le jour de l'examen, je n'écarterai pas l'idée d'avoir recours au copiage », dira-t-il. « Bouts de papiers cachés dans les poches et dans les manches de la chemise ou cahiers de cours déposés dans les WC, seront mes principaux outils de travail s'il y a trou noir », dira le jeune homme sans avoir froid aux yeux. Le comble, de nos jours, c'est la gent féminine qui est en pole position. Selon Farida, surveillante dans le même lycée, les filles voilées font des ravages. « Certaines se déguisent uniquement le jour de l'examen, elles mettent le hidjab juste pour cacher leur copiage », a-t-elle raconté. « C'est désolant ! », s'offusque-t-elle. Selon la surveillante, le foulard aide à dissimuler un petit téléphone portable ou des écouteurs pour faire passer les cours enregistrés et écrire mot à mot ce qui se transmet. « De la sorte, elles rédigent sans problème », a-t-elle précisé. Ajda passera son examen de BEM prochainement. Emotive, elle n'hésite pas à révéler qu'elle aura recours au copiage. « Ce n'est pas de la triche, mais une aide », dira la jeune fille. « Je travaille bien et j'ai de bons résultats mais la peur des examens me fait perdre beaucoup de points », a-t-elle précisé. Pour cela, Ajda compte préparer des petits papiers sur lesquels elle va rédiger les deux principaux cours d'histoire qu'elle redoute. « Si je me plante, j'y aurai recours », dira-t-elle déterminée. Les candidats ont exprimé leurs points de vue sur ce phénomène et beaucoup pensent que « le copiage est une solution puisque certains ont déjà les sujets et que d'autres bénéficient de l'aide de certains enseignants ». Hamida Djema, professeur à l'université de Dergana, a dévoilé que le phénomène de la triche ne se réfère plus aux examens, mais existe également pendant les tests au cours de l'année, y compris dans les universités. « La triche est devenue monnaie courante non pas parce que l'étudiant a peur de l'échec, mais parce qu'il est devenu flemmard et ne veut pas consentir d'efforts », dira-t-elle. Et d'ajouter : « C'est une façon inexpliquée, particulièrement quand ce sont les meilleurs éléments qui ont recours à cette pratique. » Concernant les examens de fin d'année, Hayet Derradji, enseignante à l'école primaire Le Négrier, précise : « Les examens ont été banalisés et les pouvoirs publics n'ont pas pris conscience de la décadence et des dérapages qui mènent tout droit dans le mur ». Selon la même responsable, beaucoup d'enseignants et de surveillants n'ont pu intervenir pendant le déroulement des examens. « Beaucoup ferment les yeux et laissent les candidats s'échanger les réponses alors qu'ils ne devraient pas », s'est-elle désolée. « Les candidats devraient être motivés pour passer leurs examens dans de bonnes conditions et non pas encouragés à tricher car on ne leur rend pas service », a-t-elle ajouté. Et de poursuivre : « Tout le monde triche de nos jours alors qu'on a toujours appris à l'école le hadith (citation) du Prophète que le SSSL qui dit que « celui qui triche n'est pas des nôtres ». C'est dire aussi que la fraude ou la tentative de fraude au cours d'un examen peut entraîner de lourdes sanctions. Comme c'est le cas pour l'examen du baccalauréat où le candidat risque de ne plus repasser son examen pendant les cinq années qui suivent en cas de triche. Lesdites sanctions sont-elles appliquées ? Devant ce phénomène qui prend de l'ampleur, que prévoit l'Office national des examens ? Pour de plus amples explications, nous avons sollicité M. Merradi, secrétaire général de l'ONE. Celui-ci n'a pas daigné nous répondre, encore moins nous recevoir dans son département, malgré la persistance de notre demande.