Le phénomène du copiage a été fortement remarqué lors des épreuves du baccalauréat de cette année. Une façon inexpliquée, un phénomène qui laisse des enseignants perplexes, alors que d'autres ferment les yeux pour ne pas dire encouragent ce genre de pratique. Des candidats ont révélé que des enseignants sont complices de la triche. «Quand un responsable passe, ne parlez pas mais dès qu'il repart entendez-vous mais sans bruit», aurait dit un enseignant surveillant, selon des candidats d'une même salle, au lycée Barberousse d'Alger-centre. «Le copiage est devenu la clé de la réussite ces dernières années, c'est à se demander pourquoi mettre autant d'argent dans l'organisation d'un examen d'une telle envergure si de l'autre côté les candidats ne sont pas seuls à répondre aux questions. Le comble c'est que de nos jours c'est la gent féminine qui est placée en pole position. Avec le hidjab, elles font des ravages, c'est désolant», a fulminé un enseignant à la retraite. Et d'ajouter : «Le baccalauréat a été banalisé et les pouvoirs publics n'ont pas pris conscience de la décadence et des dérapages qui mènent tout droit vers un mur en béton.» Les candidats ont exprimé leurs points de vue sur ce phénomène et certains pensent que le copiage est une solution puisque d'autres ont déjà les sujets et que d'autres bénéficient de l'aide de certains enseignants. «Dans les épreuves d'histoire et de géographie, une élève a eu des réponses et a été aidée par l'un des enseignants surveillants, c'est la fille d'une enseignante, vous trouvez cela normal ? Moi non», a informé Ayoub, un candidat en lettres. Le même candidat ajoute qu'une candidate a été prise la main dans le sac, mais elle n'a pas été sanctionnée, «l'enseignant qui a pris une feuille comportant la réponse entre les jambes de la fille s'est contenté de déchirer la feuille, alors qu'il devait la sanctionner». «Nous allons dénoncer cet enseignant et les élèves qui sont concernés par le copiage», a-t-il menacé. Les candidats sérieux dénoncent les tricheurs Sarah, une autre candidate au baccalauréat, estime que le copiage doit être banni de l'école algérienne, mais aussi de la société en général. «Tout le monde triche de nos jours, on a toujours appris à l'école le hadith (citation) du Prophète qui dit que «celui qui triche n'est pas des nôtres». «Mais la réalité est tout autre et le mal s'est généralisé», a-t-elle souligné. Salah, un autre candidat, a estimé que «les élèves doivent être conscients de l'enjeu et de l'importance de cet examen, il s'agit du baccalauréat, c'est un examen très important, c'est l'examen de 13 années de travail alors qu'un candidat triche pour l'avoir, c'est comme s'il n'avait rien fait durant ces années. J'appelle mes camarades à être à la hauteur de ce niveau d'études». Le secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Mériane a estimé que «le phénomène du copiage a toujours existé, notamment ces dernières années, bien que des mesures ont été prises dans ce sens. Lors de nos réunions avec la tutelle, nous avons proposé de durcir les mesures pour éradiquer ce phénomène qui gangrène le milieu scolaire, c'est devenu une drogue que les candidats de différents paliers consomment sans modération», a indiqué M. Mériane. Et d'ajouter concernant les épreuves du baccalauréat qui est un examen de haut niveau et d'une valeur importante dans la vie d'un élève, «quand nous avons demandé le durcissement des mesures de surveillance et de contrôle c'est pour donner une certaine crédibilité à notre bac, mais voilà nous nous retrouvons chaque année devant des scénarios de copiage les uns plus insolites que les autres». S'agissant du cas de l'enseignant qui laisse les candidats parler entre eux, et il n'est pas le seul, et que les candidats du lycée Barberousse dénoncent, M. Mériane reconnaît qu' «effectivement des bavures existent, et c'est justement pour ces raisons que nous avons toujours dénoncé ce genre de comportement gravissime qui touche notre école. Il est très grave qu'un enseignant puisse agir de la sorte. Que chaque enseignant qui commet un tel acte soit sanctionné sévèrement». Le porte-parole du Snapest a fait le point aussi sur les nouvelles méthodes utilisées par les candidats : «Les candidats, de nos jours, innovent en matière de technique de copiage, des bouts de papiers cachés dans les poches et à travers les manches des chemises, aux cahiers de cours déposés dans les W.-C. en passant par la méthode du téléphone pour les filles. Les enseignants doivent fouiller les candidats, d'autant que la loi le permet». L'académie d'Alger que nous avons tenté de joindre n'a pas voulu répondre à nos questions, niant au passage tout dérapage, mis à part quelques tentatives sans conséquence ni sur le bon déroulement des épreuves ni sur les élèves.