Qui n'a jamais eu la tentation de jeter un œil sur la copie de son voisin lors d'un examen ? Selon un radio-trottoir réalisé à l'université d'Alger, un étudiant sur trois avoue qu'il a triché lors d'un examen. Simple flemme de réviser ses partiels ou phénomène de société ? De point de vue des enseignants, les étudiants trichent car ils ne vont plus à l'université pour apprendre mais pour être diplômés. Stressés par le discours ambiant sur le chômage et l'absence de valeurs des diplômes, les étudiants sont prêts à tout pour s'en sortir. De la simple antisèche cachée dans la trousse aux nouveaux moyens de communication, notamment les cours préenregistrés sur le I-pod. Plus rien n'est surprenant, les étudiants ne sont pas avares en imagination quand il s'agit de tricher. Si l'universitaire est novice dans le domaine, toute une panoplie d'astuces est transmise par les copains pour pouvoir tricher sans risque de se faire prendre. Car il faut tout de même savoir que tout étudiant surpris en flagrant délit de triche est passible d'une interdiction d'examens pour 5 ans. Le plus souvent, l'affaire se règle par un zéro après passage devant une commission disciplinaire. Il revient à cette dernière de décider du sort du tricheur et non aux professeurs présents sur le moment. Cependant, la triche, entre fraude individuelle et organisationnelle, explique M. Berraghda, vice-recteur de l'université d'Alger, est un phénomène qui a toujours existé, mais qui a pris une tournure particulière ces dernières années. Les étudiants n'attachent plus d'importance à la formation mais uniquement aux résultats. Les étudiants ressentent de moins en moins de scrupules à frauder qu'avant et les surveillants d'examens ont aussi leur part de responsabilité car ils prennent à la légère leur mission. La triche est considérée par beaucoup de nos étudiants comme “un droit”. Et plus les contrôles se durcissent, plus les stratagèmes des fraudeurs deviennent ingénieux. Plus d'une dizaine d'étudiants ont été pris en flagrant délit lors des derniers examens de rattrapage à l'Institut des sciences de l'information et de la communication ainsi qu'à celui des sciences politiques. Deux d'entre eux utilisaient des téléphones portables. Dissimulant l'appareil sous leur foulard, des candidates ont ainsi reçu les réponses aux questions des épreuves. Une autre a été surprise en communication avec un correspondant et un jeune homme est allé plus loin en essayant de passer l'examen à la place d'un ami. “Nous pouvons les ester en justice pour usurpation d'identité, mais nous préférons les faire traduire en conseil de discipline au lieu des les envoyer en prison pour avoir triché”, précise M. Berraghda. M. Lagad, professeur de littérature arabe à l'université d'Alger, déclare que des étudiants s'en sont pris à sa voiture lorsqu'il les a surpris en flagrant délit de triche. Son collègue lie ce phénomène au problème d'éducation. “Les valeurs ont changé. Malheureusement, beaucoup considèrent les tricheurs comme de bons débrouillards. Cela s'étend à toutes les branches universitaires”, explique-t-il. Certains étudiants vont jusqu'à faire payer leur copain pour leur souffler les réponses le jour de l'examen. “Ce n'est pas de notre faute si les enseignants nous demandent de faire du “par-cœurisme” avec un programme aussi long. Pourquoi apprendre lorsqu'on peut se débrouiller”, témoigne Salim, étudiant en sciences médicales. Il semblerait que le plus simple reste encore de réviser ses partiels. N. A.