Les investigations d'Interpol (organisation internationale de la police) et ses partenaires et experts à travers le monde ont permis la saisie, en 2012, de 70 millions de pièces contrefaites et prohibées et l'arrestation de 2.000 personnes impliquées dans la contrefaçon. L'Algérie n'est pas à l'abri de ce phénomène. Les services spécialisés de la sûreté nationale ont eu ainsi à traiter, au cours des derniers mois, plus de 180 affaires liées à l'imitation d'œuvres musicales et cinématographiques et saisir de 120.000 supports audiovisuels contrefaits. Ces mêmes services ont également traité 30 dossiers portant imitation de marques déposées de produits cosmétiques et de détergents. Face à la contrefaçon qui prend des allures inquiétantes, les services de sécurité sont appelés à intensifier la lutte contre ce phénomène. C'est l'objectif visé par le colloque organisé depuis hier par la DGSN en coordination avec le secrétariat général d'Interpol. Il est dédié au rôle des services de police en matière de lutte contre le trafic des marchandises illicites et les infractions liées à la propriété intellectuelle. Plus d'une centaine de cadres prennent part à cette rencontre scientifique aux côtés de l'expert Yasmina Ayhem, officier des renseignements à Interpol. Ils auront à étidier, au cours de deux jours de travaux, les moyens et les mécanismes à mettre en place pour lutter efficacement contre ce trafic qui, au delà du préjudice causé au producteur ou à l'auteur, lorsqu'il s'agit d'une propriété intellectuelle, risque de nuire au consommateur. Le commissaire divisionnaire Abdelkader Kara Bouhadba, directeur de la police judiciaire à la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et délégué au comité exécutif d'Interpol pour l'Afrique, a reconnu, hier, que le trafic de marchandises illicites et les infractions liées à la propriété intellectuelle est une réelle menace surtout pour les pays en voie de développement. « Ce phénomène est la conséquence de la mondialisation et l'ouverture économique », a-t-il souligné, jugeant impératif d'inscrire la lutte contre ce trafic au même titre que la lutte contre la criminalité. Pour cet expert, le traitement de ce phénomène ne relève pas exclusivement des services de sécurité. L'éradication de ce problème, du moins la réduction de son acuité, nécessite l'implication de toute la société, pouvoirs publics, société civile et les opérateurs économiques. « La vigilance doit être de mise », a averti le commissaire Bouhadba regrettant le fait que l'ouverture du marché fasse de l'Algérie une société de consommation avec toutes les conséquences qu'elle génère. Selon lui, la demande dépasse l'offre, et la disponibilité des produits se fait au détriment de la qualité. Des mesures d'envergure ont été entreprises pour freiner cette pratique, à l'exemple du protocole d'accord signé l'année dernière entre la DGSN et l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (ONDA). La DGSN a introduit des aménagements au sein de l'organisation de la PJ et de la police des frontières, a-t-il dit, ajoutant que les trois laboratoires de la police scientifique, situés à Alger, Oran et Constantine procèdent à des contrôles de la qualité, facilitant ainsi le travail des agents de la DGSN sur le terrain. Mais les experts reconnaissent qu'il reste beaucoup à faire pour resserrer l'étau autour des trafiquants.