« Les tremblements de terre ne durent que quelques instants, mais leurs conséquences sont souvent éternelles pour les rescapés ». C'est ce qu'a indiqué le Dr JO Steenkamp, récemment, à l'ambassade d'Autriche à Alger, lors d'un séminaire intitulé : « Understanding Trauma » ou comment « Comprendre l'expérience traumatisante ». Selon Steenkamp, le tremblement de terre et ses répliques successives, comme celui de Boumerdès, provoque de fortes souffrances qui peuvent mener au stress chronique si celui-ci n'est pas traité dès son début. Le Dr JO Steenkamp, psychologue, indique que « les personnes ayant vécu des situations de séisme affichent un manque d'assurance psychique ou physique au cours de leur vie. Leur vulnérabilité apparaît également dans leur personnalité dépressive ». Pour leur venir en aide, « il faut sentir leur détresse cachée par la création d'un réseau de familiers et/ou amis auxquels on peut avoir recours pour parler, pour sortir ou passer la nuit chez eux. Cela va créer des situations de sécurité pour le malade », a-t-il plaidé. La consultation d'un médecin est également recommandée. « L'usage des médicaments n'implique pas une dépendance, puisque nous savons que nous les prenons pour une raison précise et que dans la mesure où les symptômes commencent à disparaître, le médecin va prescrire une diminution des médicaments », a-t-il précisé. Dr JO Steenkamp incite ces personnes vulnérables à consulter des psychothérapeutes. « Ils sont en mesure d'aider la personne à mieux analyser, comprendre et surmonter la situation », souligne-t-il. Selon ses propos, la psychothérapie est fondamentale. Ses résultats sont très positifs à court terme (trois mois) dans la plupart des cas. Pendant les séances de psychothérapie, le malade « partage et donne l'information, bénéficie des techniques de relaxation », indique-t-il, précisant que « lorsqu'un individu n'arrive pas à surpasser son stress, cela devient traumatisant ». Steenkamp conseille également la thérapie de groupe et l'activité physique. Témoignages Au cours de leur vie, les êtres humains peuvent se trouver brusquement face à des situations qui les rendent « impuissants, fragiles, poltrons et manquant de sécurité ». Voici les termes utilisés par Ulrich Ferdinand Knop dit Aït Ali, qui s'est déplacé, en sa qualité de directeur d'hôpital, en 1980, à Chlef, quelques heures après le séisme. « Je ressentais des vibrations même une année après le séisme ». Selon son témoignage, son équipe a dressé la première tente pour porter secours aux blessés. « Nous commencions à soigner alors que le sol continuait de trembler », dira celui qui qualifie le traumatisme de « rencontre manquée avec la mort ». Ulrich Ferdinand Knop s'est déplacé aussi à Boumerdès lors du séisme de 2003 pour porter assistance aux personnes en danger. « Le traumatisme a causé 43 fausses couches et 20 femmes ne pouvaient plus allaiter après le séisme », témoigne-t-il. Naïma A., qui habitait la localité de Zemmouri, se sentait impuissante de secourir son premier enfant qui a péri dans la cage d'escalier de l'immeuble qu'elle habite. Elle se consolait avec le deuxième enfant qu'elle attendait. Le sort en a décidé autrement : « Le nouveau-né n'a survécu que quelques jours ». Et depuis, elle n'arrive pas à tomber enceinte à cause du traumatisme. Les médicaments, la fécondation in vitro, les interventions chirurgicales et même les thérapies psychologiques n'on rien changé. Les voyages et le changement de milieu ne lui ont rien rapporté. « Je suis toujours triste, j'aurai aimé quitter ce monde avec eux ! », dira-t-elle en sanglots.