Les chantiers de la transition sont officiellement lancés. L'agenda électoral, tel que conçu par la France de Hollande, qui se veut « intraitable » sur la date butoir du scrutin, est scrupuleusement respecté : un premier tour de la présidentielle fixé au 28 juillet et, éventuellement, un second tour le 11 août. La compétition, qui mobilise une quinzaine de candidats dont les anciens Premiers ministres, Ibrahim Boubacar Keita et Modibo Sidibé, nourrit un scepticisme quant au déroulement du processus électoral « sur toute l'étendue du territoire national ». La question sécuritaire, aggravée par les tensions communautaires, et, surtout, l'imbroglio de Kidal, font peser de lourdes incertitudes. Certes, l'émissaire du gouvernement malien pour le Nord du mali, Tiébélé Dramé, garde « bon espoir » de trouver « un accord intérimaire » avec ses partenaires du mouvement touareg du MNLA et du MIA intégrés dans la nouvelle organisation qui veut fédérer tous les groupes armés, le HCUA (Unité pour l'Azawad). Mais, les divergences persistent. Depuis, hier, la présence du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, se légitime par l'urgence d'un « point d'étape détaillé » sur les préparatifs du scrutin. La France, qui a écarté implicitement la présence de l'armée malienne à Kidal, plaide pour des élections placées sous le contrôle de l'administration civile sous surveillance de la mission onusienne attendue le 1er juillet. Le président intérimaire, qui affirme que la question a été abordée avec les autorités françaises, s'est montré catégorique. « Pour moi, l'armée doit être à Kidal avant le premier tour ». La sortie tonitruante de Dioncounda a fait l'effet d'une bombe chez le mouvement touareg, en conclave à Ouagadougou avec l'émissaire malien Dramé dans les négociations de la dernière chance menées sous l'égide du médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, le président burkinabé, Blaise Compaore. Au MNLA, la cause est entendue. « L'armée n'a pas à intervenir dans le processus électoral », a affirmé le porte-parole, Mossa Ag Attaher. « On s'est entendu, conformément à la résolution de l'ONU, que la sécurisation des élections sera menée par les Nations unies et que l'armée malienne n'a donc aucun rôle à jouer dans ces élections », a-t-il souligné. L'« accord inclusif » en question, impliquant tous les groupes armés du Nord du Mali et garantissant le retour de l'Etat malien, est-il possible ? Le médiateur de la Cédéao, qui a reçu l'émissaire du gouvernement malien, suivi de la délégation du MNLA, emmenée par son président, Bilal Ag Acherif, et, en dernier, de celle du HCUA, dirigée par Hamada Ag Bibi, veut « aller vite et même très vite » pour arracher un consensus à même de permettre un dénouement heureux de la crise malienne.