Le premier tour de l'élection présidentielle au Mali a été officialisé pour le 28 juillet, un scrutin qui permettra aux Maliens d'élire un président et d'en finir avec la transition après le coup d'Etat ayant renversé en mars 2012 le président élu Amadou Toumani Touré, suivi de l'occupation du nord du pays par des groupes armés. Le Conseil des ministres a adopté lundi un projet de loi "convoquant le collège électoral pour le 28 juillet 2013 pour l'élection du président de la République, sur toute l'étendue du territoire national et les représentations diplomatiques et consulaires du Mali à l'extérieur". Selon le texte, la campagne électorale débutera le 7 juillet pour s'achever le 26 juillet, et que celle pour un éventuel second tour, prévu le 11 août, débutera au lendemain du premier tour et s'achèvera le 9 août. La tenue de l'élection présidentielle entre dans le cadre de la "feuille de route" adoptée fin janvier par les députés maliens, et qui trace le chemin à parcourir pour le pays, dans la tourmente depuis le putsch de mars 2012 qui a précipité la chute du Nord aux mains de groupes armés. Le président malien par intérim Dioncounda Traoré avait exprimé sa "détermination à organiser le plus rapidement possible" des élections "propres, transparentes et crédibles". Il a assuré mi-mai qu'il "ferait tout" pour qu'elle débute le 28 juillet. Le médiateur de la Cédéao à Bamako pour résoudre le problème de Kidal L'annonce de la date officielle de la tenue de la présidentielle intervient alors que le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dans la crise au Mali, a entamé la veille des discussions pour résoudre le problème de Kidal, ville du nord-est malien occupée par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg). "Les autorités maliennes envisagent de tenir le premier tour de l'élection présidentielle le 28 juillet, il faudrait donc aller vite et même très vite, amener les uns et les autres à se mettre d'accord sur un accord intérimaire", M. Compaoré après avoir reçu l'émissaire des autorités maliennes chargé notamment des contacts avec les groupes armés dans le nord du Mali, Tiébilé Dramé. Ce dernier, souhaitant un accord "inclusif" impliquant "tous les groupes armés du nord du Mali", a espéré que "les conditions seront réunies très vite pour que l'Etat malien, à travers tous ses représentants, retourne dans tout le nord du Mali". Le médiateur a espéré des avancées vers "la signature d'un accord intérimaire permettant la tenue de l'élection présidentielle sur toute l'étendue du territoire national au Mali". Mais la tenue du scrutin est suspendue à une solution à Kidal (nord-est), ville occupée par le MNLA et un autre groupe armé touareg, le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), qui refuse le retour de l'armée et de l'administration maliennes. Le MNLA avait conquis en 2012 le Nord malien avec des hommes armés liés au réseau terroriste d'Al-Qaïda, qui en ont ensuite évincé ces rebelles. Une opération menée par la France et des troupes africaines dans le cadre d'une coalition internationale a permis depuis janvier de reprendre le contrôle du Nord aux groupes terroristes tels Ansar Dine. Les préparatifs pour la tenue du scrutin présidentiel sont au centre de la visite prévue mardi au Mali du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius qui doit s'entretenir notamment avec le Premier ministre Diango Cissoko et le président Dioncounda Traoré ainsi qu'avec l'émissaire Tiébilé Dramé. "Il faut des élections, et un dialogue entre le sud et le nord (...) il reste du travail à faire, mais il y a tout lieu d'être confiant", avait souligné M. Fabius. De son côté, l'Union européenne (UE) a exprimé réaffirmé lundi l'importance de la tenue des élections de fin juillet au Mali sur l'ensemble du territoire, "y compris dans la région de Kidal et dans les camps de réfugiés". Les vingt-sept ministres européens des Affaires étrangères ont insisté pour que "les conditions soient réunies pour le rétablissement de l'administration d'Etat sur l'ensemble du territoire malien et pour la tenue d'élections y compris dans la région de Kidal ainsi que dans les camps de réfugiés". L'UE a en outre "encouragé" la tenue d'"un dialogue national inclusif ouvert à la fois aux représentants civils et aux représentants des groupes armés non-terroristes et non-criminels qui ont déposé les armes". Les déplacés internes dans une situation précaire Sur le plan humanitaire, la situation reste fragile dans le pays notamment pour les déplacés internes, dont le nombre a été évalué à près de 400.000 par le président du Comité international de la Croix-Rouge, Peter Maurer, dans une déclaration lundi à la presse lors d'une visite à Alger. Les conditions de vie de ces déplacés et des familles d'accueil deviennent "chaque jour un peu plus difficiles", a déploré M. Maurer. Selon le président du CICR, l'instabilité et les violences dans le nord du Mali n'incitent pas les dizaines de milliers de déplacés et de réfugiés à retourner chez eux, après avoir trouvé refuge dans les pays voisins, notamment en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso et, dans une moindre mesure, dans le sud de l'Algérie.