• Coloniser. Exterminer, sur la guerre et l'Etat colonial, de Olivier Le Cour Grandmaison, Editions Casbah, 354 pages, prix public : 850DA. «J'ai souvent entendu… des hommes que je respecte mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons ; qu'on vidât les silos et… qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là … des nécessités fâcheuses mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes, sera obligé de se soumettre… Je crois de la plus haute importance de ne laisser subsister ou s'élever aucune ville dans les domaines d'Abdelkader, détruire tout ce qui ressemble à une agrégation permanente de population». Tels sont les mots prononcés le lundi 24 mai 1847 à l'Assemblée nationale française par A. de Tocqueville né en juillet 1805 en France. Tocqueville aura la triste renommée d'avoir par ses positions encouragé les troupes coloniales à l'extermination des Algériens, par le biais de la politique de la terre brûlée, la terreur, la famine et une soumission imposée. Tous les moyens des plus répressifs aux plus destructifs sont mis en place pour asseoir «Le pouvoir du sabre», désormais arme consciencieuse brandie aux services de la «guerre aux arabes». Le pouvoir colonial n'ira pas de main morte. Tout est planifié afin d'augmenter le nombre des chrétiens en Algérie et faire en sorte d'anéantir ces musulmans belliqueux menaçant «les contrées acquises» par la force. L'Etat puissant colonial a entretenu dès1830, un dispositif militaire «consciencieux» à intervenir promptement et maintenir l'ordre colonial… et la guerre des races». La guerre utile pour une colonisation civilisatrice adepte de la «biopolitique raciale», thèse ignoble, appuyée par Eugène Bodichon, sera contrecarrée 124 ans après, par une guerre de révolution ayant abouti au terme d'une colonisation légitimée pendant 132 ans. Ce colonialisme soutenu par le monde occidental insole dans son autorité militaire se caractérisant par la suprématie de «la race européenne» sur «toutes les races». «Auréolée» de vertus pour certains députés français, l'époque coloniale et ses exactions dont les conséquences de ses procédés répressifs ont, un siècle plus tard, encouragé et nourri l'idéologie du troisième Reich, ont trouvé écho dans le vote en février 2005, de la loi légitimant «Le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord». Un livre passionnant, rigoureux dans son analyse démythifiant la période coloniale, et jetant la pierre à l'orgueil national de nombreux nostalgiques de l'Algérie française. • Olivier Le Cour Grandmaison est un universitaire français né le 19 septembre 1960 à Paris. Enseignant universitaire dans les sciences politiques à l'universitaire, il est également historien, spécialisé entre autres, dans l'histoire coloniale.