Nous connaissons beaucoup plus de mots que nous le croyons. Mais voilà, le Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA), a voulu enrichir notre vocabulaire en publiant des opus sur le lexique amazigh en général particulièrement dans les secteurs de la poésie, l'histoire, le vocabulaire de la mer, le vocabulaire de l'ostéologie et de l'orthopédie. C'est dans ce souci que le HCA aimerait nous faire découvrir notre langue. Mohamed Djellaoui a écrit un livre scindé en deux tomes. L'ouvrage gravite autour de l'évolution de la poésie kabyle. La poésie puise son inspiration des choses de la vie, de ses joies et de ses peines. La poésie kabyle traditionnelle relève de la grande tradition orale, berbère et africaine. On y distingue plusieurs genres, chacun ayant son nom propre. Le poème épique est dit taqsit (histoire, geste), le poème lyrique asfrou (élucidation) et la pièce légère, parfois chantée, izli (courant d'eau). Cependant le mot asfrou tend de plus en plus à désigner le poème sans distinction de genre et, au pluriel, isfra, la poésie en général. Cette évolution rejoint l'usage que les poètes épiques faisaient déjà du même mot dans leurs exordes, qui débutent parfois par ce vers : « A yikhf iou refd asfrou » (Ô ma tête, fais jaillir un poème). Par ailleurs, le verbe sfrou (démêler, élucider, percer l'inconnu), employé sans complément, a le sens exclusif de dire ou réciter des vers, de la poésie, quel qu'en soit le genre. Ce patrimoine est exceptionnellement riche. Même si, il faut en convenir, la poésie kabyle ne se réduit nullement à ces grands noms. Beaucoup d'autres poètes, moins célèbres, se distinguent par une production poétique particulièrement prolifique, touchant à des thèmes lyriques et patriotiques, ou encore à la sagesse et à la satire. La sauvegarde et la préservation de ce patrimoine se heurtent à son caractère éminemment oral, d'où l'impérieuse nécessité de transcrire des milliers et des milliers de textes existants, de penser à en faire des recueils ou de les graver dans des supports modernes. Pour sa part, Mohand Djeghali et Sofiane Sellah ont mis en œuvre un livre dont le titre « Amawal, n yiversiwen n yilel », vocabulaire amazigh de la mer. Ce livre d'art, tel qu'imaginé par ses concepteurs, est destiné à promouvoir les richesses aquatiques qui se prévalent depuis des siècles d'histoire. L'abondance d'illustrations incite à savourer des yeux les profondeurs aquatiques, dans les moindres détails, mettant notamment en lumière les richesses, les atouts et la diversité de tout un patrimoine. De son côté, Mohamed Zakaria Benramdane s'est penché dans son live «Iysan S Teqbaylit », sur le domaine médical en particulier la nomenclature des os du squelette humain et de plusieurs maladies liées à l'ostéologie. Ici, l'auteur ressuscite tout un pan de vocabulaire ancien relatif au domaine de l'ostéologie et de la médecine. Par ailleurs, le HCA a également fait paraître des ouvrages à l'exemple de «Tamazirt Tura», la langue amazighe d'aujourd'hui et un autre livre «Timmuzra», la berbèrie, «Tisekkiwin N Yidrisen», ou la typologie des textes. Ces livres mêlent l'emploi et la fonction de la langue amazighe dans l'époque actuelle. Pour les amoureux de la découverte, le HCA offre une lecture originale d'une saline située à Bejaia, une installation artisanale ou industrielle destinée à l'extraction du sel. Il s'agit de l'ouvrage « Tamellaht N Bel3eggal ». Cet écrit retrace les différentes étapes traditionnelles de l'extraction du sel sur ce site montagneux.