La ville de Bouira sera la capitale du livre amazigh à partir d'aujourd'hui jusqu'à jeudi prochain. Depuis des mois, les responsables du Haut commissariat à l'amazighité préparent ce Salon qui signe son retour après quelques années d'absence. Une traversée du désert qui a, sans doute, permis aux organisateurs de prendre le recul nécessaire afin de mieux rebondir. Ce Salon est une activité extrêmement importante et son maintien est capital dans la mesure où il pourrait constituer un véritable levier pour le livre en tamazight. Car sans ce dernier, il n' y a point de développement possible pour la culture amazighe. L'une des raisons ayant sans doute incité le HCA à mettre en veilleuse le Salon du livre est le manque de production. A quoi servirait un Salon du livre sans nouveautés? L'idée d'espacer l'organisation du Salon pouvait constituer une parade. Mais il y a lieu de se réjouir que ces deux dernières années la production livresque amazighe s'est enrichie sensiblement. En plus des livres écrits entièrement en tamazight, il existe d'autres écrits avec des traductions. Ainsi, les recueils de poésie bilingues ont leur place dans ce Salon. Mais pas seulement, les livres écrits dans d'autres langues, notamment le français et l'arabe, mais qui sont en rapport avec la culture berbère et l'histoire amazighe de l'Algérie et de l'Afrique du Nord, doivent également être les bienvenus dans ce Salon. Ce qui fait un Salon du livre, c'est aussi le programme d'animation, les rencontres avec des auteurs qui doivent avoir l'humilité de s'ouvrir aux critiques. Le Salon du livre amazigh peut aussi constituer une tribune pour un débat franc et sans tabou autour des questions inhérentes, par exemple, au choix des caractères de transcription. Le mérite du HCA est donc grand, en dépit de toutes les critiques qui peuvent lui être adressées, notamment le manque de rigueur dans le choix des ouvrages à publier. Mais le HCA, quoi qu'on puisse dire, reste la seule institution qui a pu publier une centaine d'ouvrages en langue berbère. Le HCA a ainsi donné l'occasion à des auteurs qui n'avaient aucune chance d'être publiés, de se rapprocher du lectorat.