La Confédération nationale du patronat algérien que préside M. Naît Abdelaziz compte à elle seule plus de 11.000 opérateurs activant dans le segment du transport urbain. Qu'en pense-t-elle de ce fait de l'éventuelle taxe sur les véhicules de tourisme neufs, qui serait étendue dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2010, aux véhicules de transport de personnes, aux remorques, semi-remorques, ainsi qu'aux motocyclettes et cyclomoteurs ? Le chef de la CNPA soutient qu'il faut réfléchir avant de toucher à un secteur «stratégique et névralgique à plus d'un titre». Tout en faisant savoir qu'il n'a toujours pas eu connaissance de ces nouvelles dispositions, il estimera toutefois que c'est un secteur qui relève de « l'intérêt public». M. Naît Abdelaziz dévoile une lecture qui s'appuie sur le fait que le problème des transports en Algérie est profond. Et ce n'est pas des taxes supplémentaires qui vont solutionner les contraintes dont souffrent les transporteurs et les usagers. D'abord, il faudrait, dira-t-il, que la tutelle concernée maintienne le dialogue avec eux et réfléchisse sur «une approche des prix pour que chacun trouve son compte». Tout simplement parce que l'introduction de cette taxe va évidemment se répercuter sur le prix de revient, à savoir sur le consommateur. A moins que l'Etat, recommande le chef du patronat algérien, décide de subventionner certains moyens de transports. Notre interlocuteur déclare que le gouvernement doit «réduire clairement les importations des véhicules et appliquer à la lettre les lois sans réticence». Il vise par ces propos les concessionnaires, auxquels «il faudrait donner un délais raisonnable pour engager définitivement l'investissement local, en termes de fabrication des véhicules», recommande-t-il. Ce qui va avoir évidemment des retombées positives sur l'activité économique nationale. «Le gouvernement doit aller jusqu'au bout en termes de préférence nationale. En ce qui concerne le secteur des transports, il faut avoir une politique claire, prévisible et transparente», souligne-t-il. POUR L'INTERDICTION DE L'EXPORTATION DES DÉCHETS FERREUX Interrogé, par ailleurs, sur la nouvelle mesure contenue dans la LFC 2010 concernant l'interdiction de l'exportation des déchets ferreux, M. Naît Abdelaziz se dit favorable à cette mesure, à condition « de recycler ce produit localement en créant pourquoi pas des usines de transformation à l'échelle nationale ». Il s'agit d'une ancienne revendication de la CNPA, rappelle-t-il. Les opérateurs vont-ils être clément avec les travailleurs durant ce mois sacré ? Notre interlocuteur se contente de dire que les opérateurs économiques ont été durant tous les précédents Ramadhan attentifs aux préoccupations sociales des travailleurs. Il affirme que les aides doivent se faire dans la discrétion. Selon lui, le secteur privé ou public ont acquis une certaine expérience dans la gestion de ce mois. Cependant, fait-il remarquer, « c'est le secteur informel qui échappe à tout contrôle ». Sur un autre registre, le président de la CNPA constate, arguments à l'appui, que le gouvernement affiche « une certaine cohérence dans son action », dans l'optique de consacrer véritablement « la patriotisme économique ». Tout en affichant son plein soutien à la politique gouvernementale, il regrette néanmoins que la tripartite annoncée il y a quelques mois entre le gouvernement, les partenaires sociaux et le patronat n'a toujours pas eu lieu, alors qu'elle devait se tenir au premier trimestre de 2010. « Il faut reprendre langue avec le gouvernement et respecter les engagements et les délais, étant donné que le champ est déjà balisé. Nous avons laissé le choix au Premier ministre pour trancher toutes les décisions prises dans le cadre de la concertation commune », conclut-il.