La modernisation n'a pas que des côtés positifs. Si l'Algérien d'aujourd'hui vit mieux qu'il y a quelques années, sur le plan environnement, les choses se sont dégradées, affirme Rabah Kerbachi, professeur à l'école polytechnique d'El-Harrach qui a animé, hier, une conférence-débat au forum de DK News. Et pour cause, le trafic routier est devenu la bête noire de l'environnement. Il expliquera que « le parc auto a augmenté au point que chaque famille algérienne possède une ou deux voitures alors que ce n'était pas le cas il y a quelques années. Si dans les pays industrialisés, le gros de la pollution atmosphérique est générée par les usines, chez nous, ce sont les pots d'échappement qui polluent l'air et parallèlement à cela il n'y a pas eu de réaménagement d'où les encombrements interminables engendrant ainsi la pollution. Même les trémies n'ont pas réglé définitivement le problème de circulation ». Mais le paradoxe, explique l'orateur, la voiture n'est plus un luxe mais une nécessité vu le manque de transport en commun. « Toutefois, rassure-t-il, Alger n'est pas encore Le Caire ou Mexico où le pic de pollution a atteint le summum ». Le deuxième point soulevé est la réglementation concernant l'importation des véhicules neufs. En effet, depuis 1983, tous les véhicules en Europe sont dotés de pots catalytiques qui éliminent la pollution mais ceux exportés vers l'Algérie en sont dépourvus puisque la réglementation ne l'exige pas. Par ailleurs, le ministère de l'Environnement ne peut pas imposer au secteur de l'Energie de produire que de l'essence sans plomb. Concernant les voitures roulant au diesel, là encore, l'Europe a mis au point un filtre à particule même si ce carburant pollue moins que l'essence sans plomb. La solution, selon ce professeur, est la généralisation du gaz propane liquéfié (GPL) Sirgaz, un carburant moins polluant. Toutefois, souligne le Pr Kerbachi, il faut des subventions pour l'installation et la généralisation du GPL. Seuls 300.000 véhicules, notamment des taxis, y sont équipés depuis le lancement de l'opération en 1980 contre un million et demi en Turquie et un million en Pologne. Pourtant, selon M. Kerbachi, il a été prouvé que le GPL pollue beaucoup moins que l'essence et le diesel. Et même si c'est à la direction de l'Environnement à qui échoit le contrôle de la qualité de l'air, là encore, sur le terrain, les inspecteurs ne disposent pas d'instruments pour mesurer le degré de pollution émis par les usines, les pots d'échappement, les cimenteries et même les décharges publiques qui non seulement dégagent des gaz toxiques mais également des liquides noirâtres (lixiviats) très dangereux pour le sol. La solution, selon cet expert en environnement, réside dans des statistiques fiables concernant les asthmatiques et les autres maladies provoquées par les émissions de gaz pour que les décideurs prennent les dispositions qui s'imposent.