Ce danger latent qui se manifeste dangereusement lorsque la houle se fait pesante sur la plage, provient des canaux qui burinent le fond des eaux proches de la plage Chenoua. En effet, les lits des cinq oueds qui se prolongent dans la mer sont traversés, surtout en cas de mauvaises conditions climatiques, par de forts courants qui se transforment facilement en tourbillons. La jeune fille sauvée par Bilal a été surprise par le courant au moment où elle nageait à proximité d'un canal de fond. « J'étais obligé de contourner le canal sous marin pour la sauver. C'est le seul moyen pour porter secours dans ce cas précis à un baigneur en détresse. Nager au-dessus du couloir délimitant l'oued, équivaut à une noyade certaine», avertit Bilal, maître-nageur depuis cinq ans. Pour lui et son groupe de sauveteurs du poste I aucune journée à la plage ne ressemble à une autre, et à plus forte raison lorsqu'il s'agit de Chenoua, une plage fortement fréquentée et surtout appréciée par les milliers d'estivants qui la préfèrent aux autres sites. Parfois la différence paraît indétectable pour un nageur. «Hier par exemple nous avions hissé le drapeau rouge. Cas tout à fait normal, lorsque la mer devient très agitée. Le mouvement des vagues ne permettait guère aux estivants de nager. Malgré cela, il y avait parmi eux ceux qui s'y étaient aventurés au détriment de leur vie», regrette Omar Zouaoui. Et d'ajouter, «Aujourd'hui en dépit de cette amélioration, j'ai décidé de maintenir flottant, sur le mât, le drapeau rouge. Et pour cause, l'accalmie relative observée, même si elle signifie le retour progressif à la normale, recèle des dangers car les courants de fond gagnent en intensité et rendent ainsi les eaux proches du rivage plus dangereuses». Comme il l'explique, au dessus de ces fameux «oueds marins», on remarque que les vagues ne se brisent pas. Elles suivent un mouvement ondulatoire jusqu'à ce qu'elles atteignent la rive. Par contre, tout autour, les lames se brisent en faisant jaillir leurs écumes blanches. Cette différence à priori superficielle renseigne largement sur la forte activité des courants sous-marins « On interdit formellement aux baigneurs de s'approcher de la zone en question même si la mer n'est pas fortement agitée, car, ils peuvent facilement être sujets à de graves difficultés », insiste Bilal.