Photo : Lylia M. En ce début du mois d'août, la paisible plage de Chenoua, wilaya de Tipasa, subit des attaques de vagues ininterrompues. La saute d'humeur et les caprices de la grande bleue durent depuis pratiquement deux jours. La houle et les courants de fond, excités par les vents d'est, ont rendu pour ainsi dire les eaux de couleur turquoise de ce beau site inhospitalières. Les maîtres-nageurs ont hissé, dès la matinée, le drapeau rouge sur l'ensemble des mâts jalonnant le grand rivage aux sables dorés de Chenoua. Théoriquement, le drapeau rouge est synonyme de baignade interdite. Mais qu'en est-il réellement à Chenoua ? A priori, le respect des consignes de la nage est le cadet des soucis de nombreux estivants venus planter leurs parasols ici. Ni la force des vagues, encore moins les rappels à l'ordre répétitifs des agents de sauvetage de la Protection civile affectés sur place, n'ont pu dissuader les baigneurs, grisés jusqu'à l'inconscience par le plaisir que procure la mer. Le pire dans tout ça est le fait de voir des enfants d'à peine dix ou onze ans barboter inconsciemment dans l'eau déchaînée, sous le regard, parfois amusé, de leurs parents. « Nous sommes venus de Médéa jusqu'ici pour profiter de la plage. Et ce ne sont pas quelques vagues qui vont nous en priver. Et puis, nous nous sommes pas les seuls à braver le danger», justifient deux jeunes leur non respect des consignes des hommes de la Protection civile. Et pourtant, à peine la discussion achevée, qu'un maître-nageur se lance précipitamment dans l'eau, sous le regard curieux des estivants. Il vient, en effet, d'apercevoir une jeune fille en difficulté. Les vagues qui la ballottent dans tous les sens, la menacent d'une noyade certaine. Il faut agir vite et surtout avec professionnalisme, car les eaux de Chenoua réservent souvent de mauvaises surprises aux apprentis héros. Bilal, le maître-nageur qui est parti au secours de la jeune fille, connaît parfaitement les pièges que camoufle si bien le fond des eaux de la plage. Pour la secourir, il est obligé de faire tout un détour à la nage. Sans difficulté apparente, il délivre enfin la victime d'entre les vagues et les forts courants qui l'aspirent vers le bas. Cependant, sa mission de sauvetage n'est pas à son terme, puisque sur le chemin de retour il a sauvé un autre baigneur de la noyade. Celui-ci, âgé de 12 ans était sur le point d'être charrié vers le fond par les courants. Hors de tout danger, les deux baigneurs ont reçu les soins appropriés sur place par l'équipe des sauveteurs de l'un des cinq postes de secours aménagés par la Protection civile sur la plage s'étendant de l'extrémité ouest de Chenoua jusqu'à Matarès. «Il n'est que 10h15mn et on est à notre première intervention sérieuse dans l'eau. La journée d'aujourd'hui s'annonce apparemment difficile comme celle d'hier. La vigilance est donc de mise», confie Omar Zouaoui, le chef de poste I de la plage de Chenoua. Ce dernier, âgé de 39 ans, pratique le métier de sauveteur depuis 1992. Avant d'être maître-nageur, il est d'abord un agent de la Protection civile. Sa mission comme tous les ans, depuis 18 ans, consiste à veiller avec son équipe composée de six surveillants de plage saisonniers, sur la vie des baigneurs fréquentant l'une des parties les plus dangereuses du rivage maritime de toute la wilaya. Pour le commun des estivants, toutes les plages à quelques degrés près se ressemblent. Couvertes de sables fins ou de petits galets, l'essentiel pour beaucoup est qu'elles mènent toutes, lorsque la canicule flambe le mercure, aux eaux rafraîchissantes de la méditerranée. «Au contraire de nombreuses plages, les eaux de Chenoua renferment moult pièges dans leurs fonds. Les baigneurs non avertis, ou pire ceux qui font fi des consignes, peuvent en être des victimes à tout moment, notamment lorsque la mer est agitée», met en garde le chef de poste I.