La nouvelle a fait, comme une traînée de poudre, le tour de la Toile. Cheb Akil, victime d'un accident de la route, est décédé. Ses fans nombreux et toujours à l'affût d'une nouvelle sonorité de leur chanteur adulé ont été surpris d'apprendre cette disparition brutale et se sont faits un devoir de prendre rapidement en main cette information pour la distiller via le Net Ce 14 juin 2013, Cheb Akil a succombé à ses blessures à Tanger (Maroc) après un accident de la route. Le célèbre chanteur rai était accompagné de son épouse, enceinte, qui a été, elle, gravement blessée. Elle a été transférée à l'hôpital Arayech (Tanger) où elle n'est sortie du coma qu'hier matin, alors que le chauffeur et un musicien qui étaient à bord du véhicule s'en sortis indemnes. Cheb Akil devait animer une soirée au Palais des Etoiles à Tanger ce même 14 juin. Il y a quelques jours, sur la chaîne privée El Djazaïria, il était l'invité de Hakim Salhi, qui anime l'émission « Fananin live ». La jeune coqueluche compilait jusque-là les succès dans un enchaînement réussi. Alors que son passage sur le plateau de Salhi a été des plus détonnants de tous les artistes qui chantent le raï. Et sa chanson phare de cette saison L'ghaltli fi téléphone (Elle m'a appelé au téléphone) a fait exploser les bacs. D'ailleurs, elle sera bien interprétée en direct de « Fananin live » reprise en chœur par le jeune public présent. Salhi confie, la gorge nouée par l'émotion, avoir assisté à ses débuts, étant de la même génération. En reçevant la nouvelle du Maroc, il a eu tout naturellement ce flash-back de leurs débuts dans la chanson. Il dit garder de lui cette image de quelqu'un de réservé mais de battant. Il l'a vu se relever à chaque coup encaissé dans ce métier qui ne nourrit pas son homme. Et même après ses succès confirmés, il n'a eu de cesse de travailler dur, très dur. Il a toujours voulu être un artiste correct, professionnel pour donner la meilleure image qui soit... C'est que Akil a toujours su faire la différence avec les jeunes de sa génération. De par sa prestance sur scène, de par sa silhouette frêle et dynamique, qu'il soit des festivals, sur les plateaux télé ou dans les cérémonies des fêtes traditionnelles. Très demandé et admiré, Akil porte bien son prénom, même si le vrai est Abdelkader. De toutes ses chansons d'amour, il prône la paix et la sagesse. Cet artiste, qui dit ne pas faire dans le travail hâtif, ne tient donc pas à enregistrer chaque année. Il dit prendre toujours du recul par rapport à son précédent produit et aussi le temps de l'écrire, de le mûrir. Cet atout sera vite remarqué par ses fans qui sont de plus en plus nombreux. Des dispositions singulières qui le feront remarquer par les détenteurs du showbiz raï, très jeune alors. Il n'a que 13 ans lorsqu'il enregistre sa première K7. Nous sommes vers la fin des années 1980. Il a déjà dans le cœur les titres à succès des voix de Mami, Khaled, Hasni. Il les chante avec brio et il se fait vite repérer par son entourage qui l'encourage à poursuivre sur cette voie. Et comme ses aînés, c'est Abdelkader Cassidy qui lui donne sa chance, comme il l'avait fait avec ses prédécesseurs, de porter ces reprises à plus d'échos. Un album sort en une longue compilation de titres connus dans l'Oranie et toute l'Algérie, éprise alors de ce nouveau genre de musique du terroir, raï t'rab, chanté dans les chaumières des fellahs de l'Ouest du pays. C'est l'élément déclencheur pour se faire une place sur le marché de la chanson raï. Un talent est né. L'enfant de Khemis Milana arrive par la grande porte. Une nouvelle voix se démarque bien vite du reste. Elle sied à merveille à ce genre musical, d'autant qu'il l'agrémente de textes et de musique qui font la différence. Ce joueur excellent au synthé ponctue sa venue avec ce titre encore actuel « Ne me quitte pas omri », bien qu'il date de 1989. Il signe et persiste. Il se fait auteur compositeur et arrangeur, au point où ce succès est repris par Cheb Bilal qui ne fait jamais pourtant dans la reprise. Ce dernier a beaucoup d'admiration pour le jeune cheb et lui reconnaît son talent. Akil continue sur la lancée et, resté au pays au plus fort des années de la tragédie nationale, en cette décennie noire, il sort en 1995 « Tahassdou oula t'ghirou » (Que vous soyez envieux ou jalousez...) qui s'écoulera sur le marché à un million d'exemplaires. Le succès dépasse les frontières du pays et il récidive avec « Malade mental » qui en sera un autre. De ce fait, Cheb Akil multipliera les scènes aux quatre coins du pays. A l'image de la capitale de la Soummam, Bejaïa, qui le verra s'y produire quatre mois durant. Hakim Salhi, qui avait chanté le générique de « Fananin live » comme à l'accoutumée avec son invité, dira à l'attention de Akil, tout sourire, qu'il sera toujours le bienvenu sur le plateau d'El Djazaïria et qu'il n'hésite pas à faire part de ses nouveautés à l'émission, quitte à venir l'annoncer lui-même. Le sort en décidera autrement !