Parler d'une élection présidentielle anticipée en Egypte est «absurde», a affirmé le président Mohamed Morsi en réaction à des appels à son départ et à l'organisation d'un nouveau scrutin, dans une interview au quotidien gouvernemental Al-Ahram publié vendredi. «Nous sommes un Etat où il y a une Constitution et des lois. Nous avons organisé une élection libre et impartiale, et parler d'une élection présidentielle anticipée est absurde et illégitime», a déclaré le chef de l'Etat élu en juin 2012. «Exprimer son opinion, agir pacifiquement, la liberté entière pour tous (...), la liberté de former des partis, tout cela ne m'inquiète pas, au contraire, cela me rend heureux. Mais violer la loi ou faire usage de violence, ou menacer de le faire, cela ne sera ni accepté ni permis», a mis en garde M. Morsi, premier chef d'Etat islamiste et à ne pas être issu de l'armée en Egypte. Une campagne baptisée «Tamarrod» (rébellion, en arabe) dit avoir réuni plus de sept millions de signatures pour exiger le départ de M. Morsi. Elle appelle à manifester devant le palais présidentiel le 30 juin, date qui marquera le premier anniversaire de l'entrée en fonctions du président. Des partis et forces politiques comme Al-Dostour du Prix Nobel de la Paix Mohamed El-Baradei et le mouvement du 6-Avril, l'un des fers de lance de la révolte de 2011, ont annoncé leur soutien à cette campagne. Les opposants de M. Morsi l'accusent de gouverner dans le seul intérêt des Frères musulmans dont il est issu, bien qu'il assure être «le président de tous les Egyptiens», et de ne pas avoir su faire face à la grave crise politique et économique que traverse l'Egypte. La première année au pouvoir de M. Morsi a été mouvementée, avec de nombreux affrontements, parfois meurtriers, entre ses partisans et ses opposants. Selon l'agence officielle Mena, des inconnus ont jeté vendredi à l'aube des cocktails Molotov sur les locaux de Tamarrod, dans le centre-ville du Caire, incendiant la porte principale.