Le gouvernement d'union nationale de transition de la République du Mali d'un côté, le Mouvement national de libération de l'Azawad et le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad de l'autre, ont paraphé, à Ouagadougou, après onze jours d'âpres négociations, un « accord préliminaire à l'élection présidentielle, prévue le 28 juillet prochain, et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali » de 12 pages et de 25 articles, en présence du président burkinabé, Blaise Compaoré. « Cessez-le-feu immédiat, cantonnement des rebelles armés au Nord, redéploiement des forces maliennes et des services sociaux de base à Kidal et création d'une commission d'enquête internationale sur les crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans le nord du pays », tels sont les principaux points de l'accord en deux temps. Le premier, gérer l'urgence en permettant l'élection présidentielle dans un environnement sécuritaire stable, y compris à Kidal. Le second, création d'une commission mixte (quatre membres de l'armée et quatre autres des groupes du nord) pour définir les conditions et le calendrier d'un retour de l'armée et de l'administration au nord. Pour éviter tout débordement ou reprise des hostilités, les deux parties vont « travailler » sous la supervision de Serval, la force française, et la Minusma (Mission des Nations unies) qui prendra le relais de la Misma, la force africaine, dès le 1er juillet prochain. La Coordination du mouvement des forces patriotiques de résistance et le Mouvement arabe de l'Azawad adhèrent à cet accord. Bamako, qui a renoncé à son exigence : désarmement immédiat des combattants de l'Azawad, et ces derniers qui ont accepté le déploiement de l'armée malienne à Kidal, leur fief, auraient-ils tourné la page ? Selon les observateurs, il faut attendre l'accord définitif car « signer un accord est une chose, l'appliquer en est une autre ». Le prochain président est tenu d'engager, soixante jours après son élection, des pourparlers de paix avec la « communauté » du Nord pour définir avec eux et en présence des Nations unies, de l'Union africaine et de l'Union européenne, le statut administratif de l'Azawad et les stratégies de développement de cette zone. « La signature de cet accord est une première étape importante sur le chemin de la réconciliation et de la paix. Il appartient aux uns et aux autres de se surpasser en s'engageant dans la voie de la paix et de la stabilité. 18 mois d'épreuves marqués par la rébellion, la partition du pays, l'occupation des deux tiers du territoire national, le coup d'Etat militaire, doivent servir de motif pour chacun d'œuvrer à l'essentiel : la paix et la stabilité » rappelle Tiébilé, l'émissaire du chef de l'Etat. A Bamako, si certains applaudissent, d'autres sont sceptiques. Notamment sur le cantonnement des rebelles de l'Azawad qui peut s'avérer difficile à contrôler et le renvoi du désarmement et du processus DDR (démobilisation, désarmement, et réinsertion) à 60 jours au moins après la « démocratique » présidentielle et ...après la signature d'un accord « global et définitif de paix » entre les nouvelles autorités et le MNLA. « Nous sommes contre cet accord. C'est sans conditions que l'armée malienne doit aller à Kidal, et les rebelles doivent désarmer immédiatement et sans conditions », déclare Mamoutou Diabaté, président du Forum des organisations de la société civile du Mali.