C'est le président de la Fédération tunisienne qui avait sonné la mise en garde dans les colonnes de la presse tunisienne. On compte déjà 200 hôtels surendettés et 50 proposés à la fermeture parce qu'ils ne répondent plus aux normes, avait laissé entend Le secteur touristique en Tunisie, qui est la principale source en devises du pays, continue, devant la récession qui frappe l'économie mondiale, de bénéficier de l'apport principal des pays du Maghreb, les Algériens en tête. Selon les chiffres fournis par les agences de voyages, ils seraient «deux millions d'Algériens à se rendre en Tunisie» annuellement. Un chiffre confirmé par l'Office du tourisme de Tunisie. Le hic, c'est que les tours operators qui ont bien préparé la saison ont innové à coup de formules alléchantes, à tel point que l'on parle de «bradage» des hôteliers qui veulent sauver les meubles. Il n'y a qu'à comparer les prix pour s'en rendre compte. Au lieu de dépenser 250 000 DA sur nos côtes, on a chez nos voisins «avec l'embarras du choix», disent la plupart de ceux qui s'y rendent. Un séjour en hôtel trois étoiles en demi-pension coûte autour de 4500 DA la personne, ou encore une location d'appartement meublé vous revient quotidiennement à 2400 DA pour six personnes. Si les vols sont complets, il y a les bus climatisés des agences de voyages ou pour ceux qui disposent d'un véhicule une occasion d'allier un séjour en terre tunisienne avec ses charmantes destinations comme Hammamet, Sousse ou Tabarka ... Tous les moyens sont bons pour ratisser large, d'autant plus que pour les Algériens, «il ne reste outre la traditionnelle Omra que la Turquie ou la Tunisie à côté», selon un gérant d'une agence de voyages. «L'Egypte, autre favori il y a peu de temps, n'est plus sur les tablettes», ajoute-t-il. Pas besoin d'exercice d'exégèse pour comprendre la motivation des Algériens. Ils dépensent, dit-on, entre allocation touristique et change d'appoint «toléré» par les douanes aux frontières (des dinars tunisiens contre des dinars algériens), jusqu'à «500 dollars par personne». De plus, «ils ne ramènent plus de babioles comme avant dans leurs valises puisque le marché local est suffisamment achalandé», indique un habitué de la destination. Cependant, ce sont des sommes non négligeables par ces temps de vaches maigres pour l'économie du pays que rapportent les deux millions de touristes pour cette année. On ne peut pas reprocher à nos concurrents d'être plus agressifs, ils ont préparé la saison dès le mois d'avril en organisant des rencontres à Tunis à l'intention des tours operators algériens. LES PROFESSIONNELS CRAIGNENT POUR LES CONSÉQUENCES DU «BRADAGE» Le tourisme tunisien a échappé cette fois-ci à la faillite. Les spécialistes redoutent cependant pour l'avenir, les conséquences de ce qu'ils appellent tantôt «un bradage» tantôt un «dumping» par des prix qui ne permettent pas à l'hôtellerie tunisienne de «rentrer dans ses frais et d'engager les entretiens nécessaires». C'est le président de la Fédération tunisienne qui avait sonné la mise en garde dans les colonnes de la presse tunisienne. On compte déjà 200 hôtels surendettés et 50 proposés à la fermeture parce qu'ils ne répondent plus aux normes, avait laissé entendre Mohamed Bellajouza. Serge Perrot, spécialiste, expert international en tourisme, pense que «si la politique des prix bas peut constituer un ballon d'oxygène pour le tourisme, elle peut nuire à long terme». Le président de l'Association mondiale pour la formation hôtelière et touristique avait de ce fait mis en garde directement les professionnels tunisiens contre le dumping à cause de leurs politiques de forfait. «Ces pratiques peuvent se retourner contre les pays qui les adoptent», avait-il observé, selon la presse tunisienne, car elles peuvent «leur nuire à long terme pour plusieurs raisons dont notamment le coût très élevé des entretiens», ce qui est loin de leur assurer les moyens de «prendre en charge les dépenses périodiques et régulières», a-t-il conclu.