Photo : Makine F. Le voyageur n'est plus obligé de se réveiller tôt pour prendre ses précautions. Il y a encore quelques années, il fallait en effet prendre la route de bon matin pour éviter les embouteillages sur la route nationale qui relie Alger et la Capitale de l'ouest. Désormais on peut démarrer un peu plus tard et arriver beaucoup plus tôt. Ceux qui prennent la route d'Oran ont un immense privilège. Il n'existe aucun barrage qui crée des ralentissements de circulation semblables à ceux qu'on découvre aux environs de Boudouaou et Réghaia, devenus la hantise de tous les automobilistes qui arrivent de l'est du pays. L'autoroute contourne et évite toutes les localités à l'exemple d'El Affroun, de Khemis Miliana de Oued Fodda et plus loin encore de Oued Rhiou ou il fallait toujours prendre son mal en patience. On traverse toute la plaine du Cheliff à vive allure, en devinant juste les bâtiments de Chlef ou ceux de Ain Defla. On découvre d'autres hameaux dont les enfants viennent vendre du pain, des œufs sur les bords de l'autoroute parfois au mépris des régls de sécurité. Dés qu'une voiture s'arrête, ils accourent de tous côtés parfois vers le siège du chauffeur où un accident risque vite d'arriver. Un homme plus âgé brandit des sachets contenant du Frik, blé concassé. Si ces petits semblent quelque peu contents d'écouler quelques produits même pour une poignée de dinars, d'autres maudissent l'autoroute. Ce sont tous ces gargotiers qui de Khemis à Djdiouia ou El Hmadna étaient des escales obligées. A l'entrée d'un restaurant de cette dernière localité, les chaises qui débordent sur le trottoir sont vides. «Avant, nous connaissions même des chauffeurs de taxis et de bus qui étaient pour nous des abonnés. Cela fait des mois qu'ils ne passent plus », se plaint-il. La grande salle du restaurant qui compte une vingtaine de tables est affreusement vide. Seule une famille sans doute tenaillée par la faim a du consentir à faire le détour. GARE AUX PANNES La plupart des automobilistes sont satisfaits de pouvoir rouler sur des tronçons ou la gestion du temps est possible. « Maintenant, nous dit un chauffeur de l'entreprise Ifri, je sais à dix minutes prés que je peux arriver à destination. Je peux choisir ma vitesse. Avant ce n'était pas possible ». Il déplore juste la différence entre tronçons où à l'œil nu on devine que la qualité de réalisation n'est pas la même. On ressent sur les uns des secousses quand juste après, la voiture glisse sans nul heurt ou cahot. En deux heures, on est déjà à Chlef où sur la bretelle d'accès, des gendarmes règlent là et pénalisent ceux qui, repérés par radar, avaient dépassé la vitesse limitée à 120 Kms. Mais l'autoroute aussi ces travers quand on tombe en panne. Ici ni garage de mécaniciens et encore moins de stations de services. Un vide dont certains jeunes, qui tentent d'agresser des automobilistes en panne, tentent de mettre à profit. «Ce problème ne relevé pas seulement de la répression », affirme un officier de la gendarmerie. Une autoroute n'est pas qu'une route qui raccourcit les distances et fait gagner du temps. Elle est ponctuée de relais ou l'on peut se reposer, se désaltérer, manger, jouer pour les enfants ou procéder à une réparation. C'est le manque de ces structures d'accompagnement que regrettent les usagers de l'autoroute Est Ouest. Faire le plein du côté de Mouzaia est désormais un réflexe. Après il n'y a plus de station service. Mostaganem est également contournée par l'autoroute. Il faut rejoindre avant d' y arriver l'ancienne route et continuer de rouler encore sur une cinquantaine de kilomètres pour atteindre la ville. La mer apparaît enfin et la ville est atteinte au bout de deux heures trente minutes. Même le touriste avide de découvrir les villes, d'y musarder et flâner ne sera pas totalement déçu.