A partir d'aujourd'hui, nous allons publier une série de dossiers sur la capitale au niveau de l'animation, l'hygiène.... et même les moustiques, ces petites bestioles qui transforment les nuits des Algérois en cauchemars. Constat n Si elle se réveille tôt le matin, Alger s'endort aussi dès la nuit tombée. Ses grands boulevards, fourmillant de monde à longueur de journée, se vident progressivement dès l'approche de la nuit. A 18h, soit une heure après l'arrêt du travail, les gens accourent vers les stations de bus afin de rejoindre leur domicile. Pour ceux qui possèdent leur propre véhicule, en dépit des embouteillages, la tâche est moins rude. D'autant plus que la circulation automobile se fluidifie quelque peu en fin de journée. A la station de bus de Tafourah, à Alger-Centre, les derniers voyageurs attendent l'arrivée du transport pour quitter Alger à destination de Rouiba, Réghaïa, Chéraga ou d'autres localités de la banlieue ou même vers d'autres wilayas comme Boumerdès, Blida, Tipaza, etc. «En été, à cette heure-là (18h 20), ça ne pose aucun problème d'être à Alger puisque il fait encore jour. Mais en hiver, à la même heure, je risque de dépenser toute ma journée de travail en prenant un taxi», affirme une dame, femme de ménage de son état habitant à Staouéli, à 25 km à l'ouest d'Alger-Centre. Pour elle, le fait de travailler à Alger-Centre est un calvaire au quotidien. Elle raconte avoir été agressée à l'intérieur-même de cette station. Car une fois que les dernières lueurs du jour commencent à se dissiper, les transporteurs rentrent chez eux. «Rien ne les oblige à être là, ils travaillent à leur gré sans penser aux milliers de voyageurs qui sont bloqués dans ces stations», fulmine Saïd, qui se dit contraint, à chaque fois, de prendre un clandestin pour se rendre à Meftah, dans la wilaya de Blida. Une demi-heure plus tard, un bus arrive à l'improviste et quelques voyageurs s'embarquent. Les autres s'éclipsent l'un après l'autre pour se débrouiller chacun à sa façon. La station de Tafourah peut s'ouvrir alors aux délinquants et aux SDF. Retour au centre-ville. Le boulevard Colonel-Amirouche est presque désert. De nombreux commerces ont déjà baissé rideau tandis que les employés de ceux qui ne l'ont pas encore fait vaquent au nettoyage. «C'est l'heure de fermeture», nous dit un cafetier. Il est dix-neuf heures, l'obscurité commencera bientôt à étendre son voile sur les coins les plus reculés. Tout au long du boulevard Hassiba-Ben-Bouali, où l'éclairage fait cruellement défaut, les gens pressent le pas dans toutes les directions. «J'attends un taxi, mais personne ne veut s'arrêter. Ils disent qu'ils sont hors service !», se plaint Younès, résidant à Bab El-Oued, planté sur le trottoir depuis une demi-heure. La plupart des chauffeurs de taxi mettent le cache pour indiquer la fin de service. Mais qui va assurer le transport de ces personnes qui, pour une raison ou pour une autre, se sont retrouvées tard dans la nuit au cœur de la capitale ? Les bus bleus de l'Etusa ne sont guère visibles la nuit. Alors, c'est au tour des clandestins de prendre le relais avec leurs tarifs pouvant atteindre les 1 000 DA pour une desserte plus éloignée. Toutefois, avec l'arrivée de l'été, Alger commence à se ranimer. On peut voir en effet des familles et des couples sortir dans la rue comme à la rue Didouche-Mourad pour fuir vraisemblablement la chaleur des maisons. Des salons de thé retardent, de leur côté, les heures de fermeture afin de répondre à une clientèle avide de fraîcheur. Mais cela ne dure pas longtemps, car, dès minuit, le silence s'installe.