Les Algériens attendront, aujourd'hui, dans la soirée le verdict des comités des lunaisons pour savoir si demain, nous jeûnerons ou pas. C'est l'histoire qui se répète, depuis des siècles, les musulmans malgré l'existence de calendriers très précis ou de moyens de calculs sophistiqués devront se fonder sur l'observation du croissant lunaire pour débuter le mois de Ramadhan et encore une nouvelle fois, à l'occasion de la fin de cette période d'abstinence. En agissant de la sorte, les musulmans ne font que respecter un principe théologique qui dit «Jeûner à sa vue (le croissant lunaire) et rompez à sa vue», celui-ci annonce, en fait, un nouveau mois du calendrier lunaire musulman. Le mois en question est de 29 ou de 30 jours, ce qui incite dès le 28e jour à l'observation. Au niveau des mosquées, des instances religieuses, des villages, c'est la règle qui a prévalu. Les fidèles commencent dès le coucher du soleil à scruter le ciel, un exercice difficile lorsque le temps est couvert. Les divergences apparaissent d'un pays à un autre sur cette observation ce qui, souvent, donne lieu à des débuts de Ramadhan en rangs dispersés. Pourtant, la science a fait des progrès et l'on est capable de fixer une date par des calculs sophistiqués, ce qui est logique lorsque l'on voit ces calendriers confectionnés par les entreprises une année à l'avance. Il n'y a pas de divergences entre la religon et la science mais l'observer est «un acte de foi», disent certains théologiens. Chez nous, déjà la polémique enfle entre une association d'astronomes et un chercheur le Dr Bonatiro connu pour ses «polémiques» sur les prédictions sismiques. Alors que les premiers avancent on ne peut voir le croissant ce mardi, le professeur réplique que «le croissant sera visible dès 19h50 après éloignement de la lune du soleil d'un angle de 9°». Abd-al-Haqq Guiderdoni, astrophysicien, directeur de l'Institut des hautes études islamiques et vice-président de l'Institut français de civilisation musulmane de Lyon, explique que l'observation du croissant «n'est pas seulement le moyen de compter le temps mais correspond aussi à un symbole proposé par Dieu, celui du cœur du croyant qui peu à peu s'illumine de la lumière de Dieu, et se prépare à revivre la révélation du Saint Coran». Il nous rappelle quelques données astronomiques en ce sens que la «nouvelle lune» a lieu à chaque cycle lunaire, quand la Lune est au plus près de l'axe Terre-Soleil, et nous montre sa face non éclairée par le Soleil. Il s'agit là d'un événement global, qui vaut pour la Terre entière, et qui est déterminé avec une grande précision par le calcul astronomique. La nuit qui suit la Nouvelle Lune est appelée la «Nuit du doute». Il faut attendre, suivant les cas, de 12 à 18 heures, pour que la Lune s'écarte suffisamment de cet axe, et commence à montrer une partie très mince de sa face éclairée le croissant ou «hilal». Cette observation est fonction de la localisation de l'observateur sur Terre. Les calculs peuvent définir avec précision où et quand il sera impossible de voir le «hilal» et où et quand il sera facile de le voir. Toutefois, ajoute l'auteur «un début et une fin de mois aussi imprévisibles, qui varient d'un endroit à l'autre, empêchent le calendrier islamique d'être utilisé par les sociétés musulmanes dans leur vie quotidienne».