« L'armée a agi après le refus de Mohamed Morsi d'organiser un référendum sur sa présidence », révèle le ministre égyptien de la Défense, non sans préciser deux choses. La première est qu'il avait engagé une course contre la montre contre le chef suprême des forces armées, qui avait pris la décision de l'arrêter et de dissoudre le Haut-Conseil militaire dès le 26 juin, jour du premier communiqué de la grande muette. La seconde est que Morsi a fait une « promesse de vente » de 40 % du Sinaï. Les responsables des Frères musulmans ne sont pas épargnés par Al Sissi : les avoirs de quatorze d'entre eux, dont Mohamed Badie, leur guide suprême, Kheirat Chater, un homme d'affaires, et Saâd El Katatni, le président du Parti justice et liberté, ont été gelés. C'est dans ce climat, que William Burns, le secrétaire d'Etat adjoint, a débarqué dimanche soir au Caire pour prendre « directement » le « pouls » de la crise et exhorter le gouvernement intérimaire, l'armée et les responsables politiques à faire le nécessaire pour restaurer l'ordre constitutionnel. Washington redoute une confrontation frontale entre les tenants d'une ligne dure chez les Frères musulmans et les faucons des services de sécurité. « L'objectif de ce déplacement est de prendre contact et d'entendre directement les dirigeants égyptiens par intérim et la société civile dans le cadre des efforts que nous déployons pour voir l'Egypte se doter d'un gouvernement civil ouvert, pluraliste et démocratiquement élu », a déclaré Jen Psaki, porte-parole du département d'Etat. « Burns exprimera le soutien des Etats-Unis à un processus ouvert où tous les courants politiques et tous les secteurs de la société égyptienne sont représentés et soulignera la nécessité de remettre le pouvoir aussi vite que possible à un gouvernement élu », en insistant « sur le besoin impérieux pour tous les responsables politiques d'œuvrer à la prévention de la violence », a précisé Jen Psaki. Demandera-t-il à rencontrer les représentants des Frères musulmans ? Rien n'indique qu'il le fera ou que les Frères accepteront. Au grand dam de ces derniers, Washington refuse de qualifier ce qui s'est passé au Caire le 3 juillet dernier de « coup d'Etat » ou de réclamer le retour à son poste du président déchu. Même si elle a jugé l'action anti-démocratique. Selon toute vraisemblance, les Egyptiens chercheraient à avoir des garanties quant à l'octroi de l'aide annuelle de 1,3 milliard de dollars sur 1,5 milliard d'assistance au total. Deux influents sénateurs républicains, John McCain et Lindsey Graham, pressent l'Administration de Barack Obama de couper cette assistance. Sur un autre plan, devant la mosquée Rabaâ al-Adawiya, au Caire, les partisans de l'ex-Président ne se démobilisent pas. Ils exigent toujours le retour de leur premier président. Ceux qui reprochent à ce dernier d'avoir mal géré le pays et servi uniquement les intérêts de sa confrérie manifestent, eux aussi, mais à la place Tahrir. Dans la péninsule du Sinaï, la situation sécuritaire reste tendue. Trois personnes ont été tuées et 17 autres ont été blessées dans une attaque menée par des hommes armés.