Le scénariste égyptien Waheed Hamed, qui a adapté à l'écran le roman de Alaa al-Aswany, « L'immeuble Yacoubian », relate, à travers un nouveau film, les évènements qui se déroulent en ce moment en Egypte, avec leur lot de morts, et s'inspire de l'expérience meurtrie de l'Algérie durant la décennie noire. « Les partis dits islamiques qui conquièrent le pouvoir politique dans une société démocratique doivent respecter les principes démocratiques universellement reconnus et irrévocablement nécessaires de nos jours dans toutes les sociétés », lit-on dans un message électronique posté par cet auteur au parcours prolifique et élogieux. Il citera en outre un passage du discours de l'illustre universitaire et théologien Tariq Ramadan : « Les partis laïques et les partis islamiques doivent se mettre d'accord autour de principes comme la transparence, l'éducation, la lutte contre la corruption, l'égalité et le bien-être des populations dont ils ont vocation à conduire les destinées. Ces principes ne sont pas opposés aux principes islamiques. » Une œuvre étonnante et remarquable. Un témoignage de vie. Ce film rapporte les soucis d'une société tourmentée et bouleversée. Dévoilant les préoccupations des uns et des autres dans un esprit plus ou moins réaliste et un état de conscience solidaire avec la population. Visiblement, la thématique de ce long métrage ne vient pas du néant. Elle est basée sur un vécu profond et objectif de notre société et plus spécialement de sa jeunesse avec ses différentes tranches d'âge, ses métiers, ses différences et ses richesses. Dans cette fiction, l'auteur ne vise pas à combattre les maux sociopolitiques mais à tenter de les exposer afin de les atténuer pour un avenir meilleur. Waheed Hamed joue avec les paradoxes. On prend une séquence pour une autre, entraînant une abondance de confusions et de désirs inassouvis. Une intrigue se tresse autour du changement. L'œuvre aborde dans un style libre le thème de l'histoire. Après une carrière artistique riche en succès, Waheed Hamed reste un des cinéastes les plus attachants. Son extraordinaire capacité à toucher à tout avec brio le rend extrêmement populaire. Romancier, journaliste, scénariste, producteur et acteur, Waheed Hamed, né en 1944, est une figure importante du paysage culturel égyptien. Il est membre de l'Union des écrivains égyptiens, de la guilde des acteurs et de l'association des scénaristes et critiques de cinéma. Connu pour le regard critique qu'il porte sur la société égyptienne, Waheed Hamed est l'un des plus grands scénaristes de son pays, et l'audace de ses films suscite toujours de vives polémiques. Après avoir écrit des nouvelles et des séries télévisées, il se tourne vers le cinéma et écrit en 1977 « The Sad Night Bird ». Suivront plus de 40 scénarios, dont « Ehky Ya Scheherazade » (Femmes du Caire) de Yousry Nasrallah (2009), « Imaret Yakobean » (L'immeuble Yacoubian), d'après le roman d'Alla El Aswany, « Edhak el soura tetlaa helwa » (Smile to the Camera), « Irhab wal kabab » (Terrorisme et Kebab).