• «Nous ressentons des vertiges et une grande fatigue vers midi», dit Mohamed occupé à creuser une fouille. Le jeune Omar a, lui, peur de la soif. « Nous espérons que les jours à venir seront plus cléments et plus doux », a-t-il ajouté. Dur, dur, de travailler sous le soleil de plomb du mois d'août. Plus dur est le travail sur un chantier en ce mois sacré. C'est jeudi, deuxième jour de Ramadhan. Il est midi. Les ouvriers n'observent aucune pause sur les chantiers de réalisation du tramway d'Alger. Et ils ne sont pas encore habitués aux nouvelles conditions de travail, contraignantes à tout point de vue, le ventre creux et la bouche sèche. Mais ils poursuivent les travaux de terrassement, d'assainissement ou d'installation des pavés et de rails. Coiffés de simples tissus mis sous les casques pour se protéger la tête, ils continuent le dur labeur au moment de notre arrivée à midi. « Nous n'avons pas changé nos habitudes de travail, sauf que nous commençons à 7 heures au lieu de 8 heures. Et les travaux continuent jusqu'à 15 heures sans arrêt. Nous faisons 8 heures de travail comme d'habitude », a souligné Mohamed, transporteur de remblais au niveau du chantier du Bateau Cassé, un quartier de Bordj El Kiffan. Il est vrai que d'autres services comme les administrations ne travaillent que 7 heures durant le Ramadhan. « Nous ne pouvons pas commencer plus tôt pour nous permettre d'aller aux prières de taraouih », a-t-il ajouté, alors que la pelleteuse charge son camion sous un nuage de poussière et de sueur ruisselante sur son visage basané. Mais Mohamed appréhende l'angoisse de la soif qui risque de le surprendre quand le soleil est au zénith. « Mais avec la foi, on résiste à tout, grâce à Dieu », a-t-il ajouté, levant les yeux vers le ciel. SOUS UN SOLEIL DE PLOMB Du côté du parc situé un peu plus loin, c'est la même ambiance de travail qui règne avec l'arrivée des camions pleins de de sable et de gravier. Le gardien s'occupe à les diriger pour déposer les matériaux de construction à l'endroit approprié. Sur le pont reliant Bordj El Kiffan à la station de maintenance, des techniciens procèdent aux dernières retouches de la balustrade. Le travail se fait également sans répit. « Vous m'excusez, je dois rejoindre Bordj El Bahri avec l'un des camionneurs », dira Rachid, avant de monter sur la marche pied de la cabine orange. Hamid, magasinier et ex-photographe au journal La Nation, nous apprend que les travaux de terrassement pour la réalisation du tramway qui doit arriver jusqu'à la ville de Dergana, n'ont pas encore atteint l'embouchure de la localité Qahwet Chergui. Le deuxième tronçon (Bordj El Kiffan-Dergana) vient à peine en effet d'être entamé. Mais les rails sont placés, dit-il, entre la station de maintenance et les localités avoisinantes de Bab Ezzouar et des Pins Maritimes. Les travaux avancent mais péniblement. Au niveau du lieu-dit Les Mandarines, situé du côté de Mohammedia, les travaux d'assainissement avancent péniblement. Les agents ne rechignent pas à la préparation du béton. Une autre équipe de jeunes agents placent une canalisation. « Nous faisons les travaux d'assainissement. Nous travaillons pour l'entreprise Convergences-Energies qui sous traite au profit du groupe ETRHB », dira le chef du groupe. Il essaye, dit-il, de comprendre les ouvriers par ces temps de chaleur et de Ramadhan, en étant plus tolérant sur le rythme de travail. M. A. Abderahmane, conducteur de travaux, ne cesse pas de regarder du côté de la machine pour contrôler la qualité du ciment qui sort de la bétonnière, un carnet à la main. Selon lui, les agents ne sont pas soumis à un horaire contraignant durant le ramadhan. La plupart d'entre eux habitent loin du lieu de travail. « Durant ces deux premiers jours de jeûne, le travail commence à 8 h ou 8 h 30. Nous nous arrêtons vers 13 ou 14 h, en fonction de la consistance des travaux programmés », a-t-il ajouté, mettant l'accent sur les durs effets de la chaleur. EN ATTENDANT DES TEMPÉRATURES PLUS CLÉMENTES C'est la même remarque faite par M. Amghar Chabane, responsable de l'entreprise ETB TCE-TVX Publics, rencontré sur un chantier de Bab Ezzouar Elle sous traite, dit-il, les travaux de maçonnerie et de fouilles au profit de l'ETRHB, au niveau de l'entrée de la cité 8 Mai 1945. « Les conditions de travail sont vraiment pénibles pour les travailleurs qui activent sous le soleil brûlant du mois d'août », estime-t-il, soutenant le volume de travail de 7 h par jour au lieu de 8 h. Mais les travaux débutent à 7 heures du matin. « Si la chaleur augmente durant les jours à venir, nous allons proposer aux travailleurs de venir travailler juste après le S'hour, c'est-à-dire à 4 h du matin », a-t-il indiqué. M. H. Dahmane, conducteur de travaux au repos pour l'instant, a expliqué, quant à lui, un autre phénomène. Comme quoi il ne faut jamais tirer trop sur la corde. Il estime qu'il n'est pas intéressant de forcer le rythme de travail en ces temps de fortes chaleurs qui coïncident avec le ramadhan. « Si vous tentez d'augmenter le rythme de travail, les ouvriers pourraient abandonner le chantier », a-t-il précisé, mettant en évidence la compréhension et la rahma. Il a également souligné qu'il reste deux ponts à réaliser, celui d'El Harrach et celui de la Safex dont les travaux sont encore sous terre. « Par contre, celui de Bab Ezzouar est pratiquement achevé », a-t-il souligné à la fin de la discussion sur les conditions de travail sur les chantiers. Et il a raison finalement. Les agents qui activent au niveau du chantier des Cinq Maisons en ont besoin. Le volume de travail est de 7 heures par jour (e7 h à 14 h) au niveau de l'entreprise T-FER qui sous-traite les travaux de réalisation des stations au profit d'Alstom. « Nous ressentons des vertiges et une grande fatigue vers midi », dira Mohamed qui s'occupe à creuser une fouille. Son collègue dit la même chose sur les risques d'insolation. Le jeune Omar a peur aussi de la soif. « Nous espérons que les jours à venir seront plus cléments et plus doux », a-t-il ajouté. Il n'a pas manqué d'indiquer qu'il a dormi comme une planche, juste après le F'tour. Avec une grande machine perceuse, deux jeunes tentent de percer le béton pour déplacer un poteau électrique. Les rails sont aussi placés au niveau de Mohammedia, face à l'école supérieure des affaires (ESA). Abdelghani appuie de toute sa force sur le guidon de l'appareil afin de briser le béton de ciment. « Nous n'avons pas le choix. Nous devons gagner notre pain même en ces jours de chaleur et de ramadhan », estime Hacène qui travaille pour l'entreprise Contact. Le travail sur chantier se fait normalement sur de nombreux sites en dépit de la chaleur et des contraintes du ramadhan. Tant qu'il y aura des hommes …