Les citoyens trouvent toutes les peines pour rejoindre leur poste de travail. Il est 8h en ce mercredi 31 juillet. Le soleil darde ses rayons sur une ville en pleine torpeur, lorsque, déjà, des grappes humaines affluent vers la gare routière de Ben Omar, dans la commune de Kouba. Les premières personnes sont déjà là. Elles prennent place dans le bus, calmement. Mais pas pour longtemps. La sérénité cède la place à l'anxiété et à l'inquiétude. Le temps passe. La tension se lit sur les visages des usagers. Le starter auto ne se déclenche pas encore. Le chauffeur tarde à actionner le moteur. A ce moment, un jeune, marchand ambulant, demande aimablement au receveur d'aller chercher le conducteur. Il tente de lui faire comprendre qu'il ne reste que 8 places vides. Il lui explique également que c'est le Ramadhan, les gens préfèrent rester chez eux pour ne sortir que tard dans la journée. Le receveur ne veut rien savoir. « Tant que les sièges ne sont pas tous occupés, le bus ne bougera pas d'ici. Celui qui n'est pas content n'a qu'aller voir ailleurs », lance-t-il. La discussion est terminée, non sans laisser place au chuchotement entre les usagers. Chacun commente à sa manière ce coup de gueule. Finalement, c'est le receveur qui a le dernier mot. Les voyageurs n'ont d'autre choix que de prendre leur mal en patience, en attendant l'arrivée d'autres personnes pour remplir le bus. Même scène, même décor à la gare routière de Boumaâti, dans la commune d'El Harrach avec cette particularité que là, c'est le chauffeur lui-même qui fait le receveur. Il explique que les receveurs ne veulent pas travailler durant ce mois sous prétexte qu'ils veulent éviter les altercations avec les jeûneurs. Un bouc émissaire est vite trouvé : le Ramadhan. « La faute à l'administration » À la gare de Boumaâti, les gens souffrent aussi, comme partout ailleurs, au niveau de tous les arrêts de bus de la capitale. « Il nous faut rester une heure et, parfois, deux heures à l'intérieur du bus. C'est insupportable. Les conducteurs n'en font qu'à leur tête sans jamais se soucier des personnes qu'ils transportent », fait remarquer, sur un ton attristé, un quadragénaire qui a qualifié l'intérieur des bus de « fournaise ».Il regrette le laisser-aller des autorités qui ne bougent pas le petit doigt pour organiser cette activité, livrée à l'anarchie. Durant la nuit, la situation est pire. Le transport privé disparaît carrément de la carte du transport urbain. Rares sont ceux qui travaillent. Pourtant, Alger s'anime la nuit. Il est vrai que l'Etusa est présente, mais elle est loin de répondre à toutes les attentes. L'entreprise publique ne représente que 9% du transport urbain à Alger. A la Fédération nationale de transport de voyageurs et de marchandises, on reconnaît volontiers cette situation. Son président, Abdelkader Boucherit, trouve ce fait déplorable, qu'aucune raison ne peut justifier. Pour lui, les transporteurs sont tenus d'assurer le service d'une manière régulière. Toutefois, il signale que la faute incombe aussi à l'administration. « Les directions des transports que nous avons sollicitées ont refusé de nous recevoir pour une réunion de travail afin de dégager un plan spécial Ramadhan », affirme-t-il. Selon lui, « le ministère aurait dû instruire ses directions pour prendre attache avec nous pour élaborer un plan spécial Ramadhan, comme on le fait souvent pour la mise en place du Plan bleu en vue d'assurer le transport lors de la saison estivale », explique-t-il. Il a fait savoir que sa fédération a décidé d'une série de mesures pour garantir le transport en recourant à des brigades.