Distante d'une quarantaine de kilomètres de Tizi Ouzou, elle devient, jusqu'à une heure tardive de la nuit, le point de ralliement de milliers de personnes. Le long de l'itinéraire qui y mène, par Makouda ou Boudjima, on traverse des localités où l'on veille très tard. Les cafés, les commerces sont partout ouverts. Dans une région qui a souffert des affres du terrorisme, il est réjouissant de constater que les routes de montagne ou celles reliant la cité balnéaire aux différents villages de la commune et de celles limitrophes de Mizrana ou d'Iflissene ne font plus peur. Les automobilistes, les transporteurs n'ont plus d'appréhension à rouler jusqu'aux aurores. A leur grande satisfaction, vers Aït Saïd ou Tala Mimoun, beaucoup de tronçons de routes ont été bitumés ou élargis. Au détour d'un virage près du village d'Azroubar, alors qu'il était minuit passé, nous tombons sur des soldats affalés nonchalamment sur le bas-côté de la route. En petits groupes, ils avaient l'air décontractés. Ils revenaient sans doute d'une opération mais depuis longtemps, la région où furent commis de nombreux attentats a renoué avec la quiétude. L'un des points d'attraction à Tigzirt reste le nouveau port de plaisance où les familles se rendent pour siroter une boisson ou déguster une glace sous les étoiles. Les récentes chansons de Mohamed Allaoua sont diffusées à grands décibels. Un émigré attablé avec sa femme et ses deux enfants nous fera remarquer que tout « cela est bien beau mais dans notre pays, il manque encore de ces petites choses auxquelles sont sensibles les clients ». L'homme ne comprend pas que la cafétéria n'ait même pas confectionné une carte de ses menus. Des nuées d'enfants se ruent vers quelques manèges mais point d'algarades. Chacun attend sagement son tour. Des jeunes sont carrément affalés sur le gazon et d'autres papotent devant la Grande Bleue. Des policiers assurent discrètement la sécurité et des agents filtrent la circulation à l'entrée. L'animation fait défaut « Le nombre de femmes et de jeunes filles qui ne sont nullement perturbées prouve que chez nous les choses s'améliorent », estime Cherif T. qui déplore seulement que l'animation culturelle ne suive pas. Hormis quelques prestations de troupes lors du Festival arabo-africain de danses folkloriques, deux fêtes au stade municipal avec les chanteurs Ali Irsane et Ali Ferhati, enfants de la région, et Brahim Tayeb, c'est le calme plat. La salle de cinéma, naguère très animée en pareille période, demeure hermétiquement close. « Même les affiches sur quelques murs évoquent des galas, des soirées qui se déroulent à Azzefoun », observe Mourad qui se rabat sur les programmes télé. Outre le port où viennent aussi des familles de la région de Boumerdès, les gens déambulent le long du boulevard qui longe la mer. Des stands où sont proposés des articles d'artisanat, des livres et des gâteaux attirent une grande foule qui profite de la fraîcheur. La grande plage devient aussi un espace de rencontre. Des chaises sont disposées à deux pas de l'eau où se jettent quelques téméraires. « Nous venons ici siroter un thé, pour le plaisir de papoter », confie une jeune femme rassurée de voir autant de monde évoluer dans la bonne humeur et la convivialité. Toutefois, en cette période estivale, il est regrettable de constater que la ville ne brille pas de mille feux. En dehors des endroits sus-cités, même l'éclairage fait défaut dans beaucoup de ruelles et le long d'un tronçon qui permet d'accéder par Tassalst au nouveau port. Au lotissement est, on proteste contre le manque d'eau en occupant même la mairie. « Le comble pour une ville qui a les pieds dans l'eau », déplore un habitant. Sur la terrasse qui surplombe la mer et le port éclairé, il était difficile de trouver une place.