Ce que l'Equipe nationale de football a peiné à obtenir au point de déprogrammer un match dans un stade pour un autre, la plage de Boumerdès l'a obtenu en quelques jours. En effet, au bout de trois jours de Ramadan, plusieurs grands projecteurs illuminaient la plage principale du front de mer du chef-lieu de wilaya. Il est facile donc d'imaginer le rush des noctambules, notamment avec ces dernières chaleurs qui se baignent en famille dans une eau limpide dont le fond renvoie l'image d'une netteté rassurante. Par endroits, il est même possible d'apercevoir des poissons que la lumière attire frénétiquement. On voit qui joue à Tarzan avec des concours de plongeon improvisés à partir d'un promontoire de sacs de sable entassés, qui encore — et c'est la majorité des familles — attablé à siroter un thé ou à déguster une glace. Naturellement, la plage est partagé en îlots : celui des familles occupées à papoter ou à orienter leurs enfants durant ces baignades nocturnes au clair... des projecteurs. La présence de jeux comme celui de l'élastique, très prisé, n'est pas pour déplaire. Quant à l'îlot des jeunes, il se démarque par le nombre impressionnant de jeunes jouant aux dominos, au billard ou au ballon tout en écoutant la musique chaabi distillée par la chaîne d'un concessionnaire de parasols qui agrémente ses recettes par cette véritable aubaine des veillées du Ramadan sous les projecteurs. Lorsque la mer est calme, on a l'impression d'avoir en face de nous non pas une plage mais une immense piscine. C'est le panorama qu'offre le front de mer. Lui aussi très animé en raison des achalandages de produits artisanaux. Sauf qu'il n'est pas rare qu'un vendeur de friperies se glisse parmi eux. La foule d'estivants compacte déambule au gré des restaurants où le méchoui s'impose et des terrasses de glaces, juste concurrencer quelques fois par les inévitables marchands ambulants de thé et de cacahuètes. C'est vrai aussi que la maison de la culture Rachid-Mimouni a concocté un riche programme d'animation culturelle basée surtout sur le madih religieux. Néanmoins, l'absence de propreté reste le talon d'Achille de ce spectacle. La plage est sale, très sale avec des amoncellements de bouteilles en plastique, de sachets et autres détritus. Certes, le citoyen n'a point le réflexe civique de protéger son propre environnement, mais les responsables non plus. Sur toute la longueur d'une plage de près d'un kilomètre, aucun sac ou benne à ordures n'était visible. Pis, le nettoyage matinal de la plage fait défaut. Les concessionnaires de parasols nettoient que «leur territoire». A la plage des 800 logements, même au début de la saison estivale, le toilettage complet de circonstance n'a pas eu lieu. Il est permis de généraliser aux 27 plages que compte la wilaya de Boumerdès, voire même à toutes celles du pays. A qui incombe la responsabilité : aux APC, aux concessionnaires ou à la Direction du tourisme. Ce qui est sûr, c'est que cette responsabilité est partagée. Quant au ministère de l'Environnement, on se demande s'il existe encore.