La nature a façonné Marsat Ben M'hidi, appelée communément Port Say, pour en faire un petit continent d'une splendeur inouïe. Forêts, montagnes, sable à perte de vue… Et même si elle ne vit que l'été, elle en profite pour le faire intensément. Cette année, prenant conscience d'une telle valeur, les pouvoirs publics se ont attelés à donner une âme, un cachet à la station balnéaire. Le boulevard qui donne sur la mer, l'un des meilleurs dans la région Ouest, a été complètement retapé avec du carrelage de grande qualité, des portes donnant accès à la plage qui sont de petits tableaux d'art, des pylônes esthétiques… Des milliers de personnes, vêtues légèrement, empruntent nonchalamment cette allée qui aboutit à quelques mètres de « Saïdia », la plage marocaine. Et pour donner un ton plus estival, des sons mélodieux, mais souvent sans saveur musicale, « giclent » des boutiques faisant face à la mer. Une fausse note cependant : si le site a beaucoup gagné en beauté, la saleté continue d'enlaidir les bordures du boulevard et une odeur nauséabonde incommode les promeneurs, obligés de se boucher le nez, en allant vers le côté marocain. Les restaurants – le terme est un peu fort – sont bondés. Comme dessert gratuit, on suppose, de la musique à tue-tête et incompréhensible. Paradoxes L'on ne sait si c'est par faiblesse de pouvoir d'achat ou par romantisme, mais les estivants en famille préfèrent s'affaler ou s'accroupir sur les trottoirs. Il est vrai que les crèmeries sont aussi occupées. Ici, tout se transforme en night-club ambulant : voitures, motocyclettes et même des humains, des jeunes, le poste-cassettes stéréo contre l'oreille, proposent leur hit parade. C'est hajouj wa majouj, il faut le dire. Mais malheureusement, les autorités ont tablé sur le centre de la station. En sortant des lieux, à 1 km en allant vers Bider, la cité CNEP, la localité retrouve son cachet étonnamment rural : saleté, obscurité, étroitesse des routes, des poteaux électriques avec des lampes grillées, les mauvaises herbes, du sable envahissant… Des paradoxes dans une même cité qui ne se fait belle qu'aux autres, à son centre, un été…