Le dromadaire élevé sur toute l'étendue de la zone saharienne est « exposé à diverses menaces, victime à la fois des bourbiers non traités laissés par des entreprises pétrolières, les chiens errants et les accidents de tout genre », selon l'Association des éleveurs de chameaux de la région de Hassi Messaoud (Ouargla). « Ces menaces ont conduit à la perte d'un nombre important de ce bétail, estimé entre 60 et 70% », a-t-on souligné. L'Association tire la sonnette d'alarme concernant ce type d'élevage, source de vie, puisque ce bétail constitue à la fois un capital, un moyen de transport et une source de nourriture. Les bourbiers déciment le cheptel Le principal danger au quotidien pour les troupeaux dans le Grand-Sud demeure les bourbiers laissés par les compagnies pétrolières, suite aux opérations de forage effectuées et que les bêtes prennent malencontreusement pour des puits d'eau, a indiqué à l'APS Mohamed B. (54 ans), éleveur de camelins. Ce dernier a révélé au passage que l'un de ses amis a perdu dernièrement 11 bêtes d'un coup, après qu'elles aient ingurgité des substances toxiques dans un puits abandonné. Ces bourbiers laissés à l'air libre et non traités causent des pertes sèches aux éleveurs de la région, estimées l'an passé à près de 30% du troupeau, selon le président de l'Association des éleveurs, Lakhdar Ledhfari. Des efforts sont pourtant consentis par l'entreprise nationale Sonatrach pour l'élimination de ces bourbiers, mais vu leur grand nombre, « cela reste insuffisant et l'opération va demander du temps », a confié un responsable de l'environnement au niveau d'une filiale de Sonatrach. Et de préciser à l'APS que des dispositions ont été prises pour diminuer le phénomène, en plaçant des clôtures autour des anciens bourbiers et que désormais les bourbiers seront traités selon un procédé qui va permettre aux nappes toxiques de s'évaporer dans l'air. Dans ce contexte, la secrétaire d'Etat chargée de l'Environnement, Dalila Boudjemaâ, avait insisté, lors de sa dernière visite dans la commune de Hassi Messaoud, sur la nécessité de contrôler les résidus pétroliers et d'appliquer des mesures coercitives à l'encontre des entreprises pétrolières contrevenantes. Les chiens errants, l'autre cauchemar des éleveurs Les chiens errants sont l'autre danger qui guette les camélidés, car s'attaquant aux petits chamelons, empêchant ainsi le renouvellement de l'espèce et provoquant des pertes considérables aux troupeaux, des dégâts estimés à hauteur de 10%, selon l'Association précitée. Pour sa part, la commune de Hassi-Messaoud a mis en place un plan d'urgence pour éradiquer ce fléau qui menace les éleveurs, mais l'absence de munitions a retardé son application sur le terrain, a indiqué à l'APS le président de l'Assemblée populaire communale, Yacine Ben Saci. Les accidents de la route, véritable menace Les accidents de la route occasionnent également des pertes au cheptel camelin, estimées entre 5 et 10%. « Il y a cinq mois, un bus de voyageurs avait écrasé 6 chameaux sur le tronçon reliant Touggourt à Hassi-Messaoud », a indiqué un éleveur rencontré dans le bureau de l'Association. « Vu ces multiples dangers, une douzaine d'éleveurs ont dû abandonner cette activité en vendant leurs troupeaux plutôt que de prendre des risques », a indiqué le représentant de l'Association des éleveurs de camélidés de la région de Hassi-Messaoud. L'Association, créée en 1993 et qui avait reçu le premier prix de la reproduction lors du Salon national du dromadaire de 2012, compte 182 éleveurs et recense quelque 4.800 têtes de bétail. Elle s'attelle à inciter les éleveurs à poursuivre et pérenniser cette activité ancestrale qui constitue la richesse et la ressource quasi principale des populations de cette région du pays, à travers de nouvelles techniques d'élevage et aussi un meilleur suivi vétérinaire.