Les négociateurs palestiniens et israéliens reprennent, aujourd'hui à al-Qods, les pourparlers. Sous l'égide de l'émissaire spécial, l'ex-ambassadeur en Israël, Martin Indyk, une rencontre entre le négociateur en chef, Saëb Erakat, et Tzipi Livni, ministre israélien de la Justice, se devait de sceller la reprise des négociations. Mais, en l'absence d'un engagement sincère de Tel Aviv, les chances d'un accord final d'ici à neuf mois, comme le souhaiteraient les Américains qui parrainent les négociations entamées fin juillet à Washington, paraissent compromises. L'annonce de la construction d'un millier de logements dans des colonies israéliennes en Cisjordanie et à al-Qods occupées risque de torpiller la rencontre. La question des colonies avait fait quasiment à elle seule échouer les précédentes négociations en 2010. Encore une fois, à leur corps défendant, les Palestiniens ont été invités par le secrétaire d'Etat, John Kerry, à « ne pas réagir négativement ». Il a appelé le président Mahmoud Abbas pour réitérer la position des Etats-Unis qui « considèrent comme illégitimes les implantations » israéliennes en territoire palestinien. De son côté, l'Union européenne a exhorté Israéliens et Palestiniens à « s'abstenir de toute démarche de nature à faire dérailler les négociations ». Le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, Michael Mann, a lui aussi rappelé que les colonies en Cisjordanie étaient « illégales », au regard du droit international, et a souligné qu'elles risquaient « de rendre impossible une solution à deux Etats ». La Russie aussi critiqué la décision « contre-productive » des autorités israéliennes de construire dans les colonies à la veille de la reprise des négociations de paix. Par ailleurs, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rué dans les brancards en faisant porter le chapeau à l'Union européenne accusée de « saper la paix » en contribuant à « durcir les positions palestiniennes » (sic !). En juillet dernier, Bruxelles a édicté des lignes directrices stipulant qu'à partir de 2014, tous les accords avec Israël portant sur une aide de l'UE devront désormais spécifier qu'ils ne s'appliqueront pas aux territoires occupés depuis 1967. Au banc des accusés, l'Etat hors la loi, assuré comme de coutume de l'impunité, persiste dans son diktat et le déni de la légalité internationale. Le gouvernement israélien a fait savoir qu'il n'a pas l'intention de renoncer au programme de construction, consentie, selon certains médias, pour calmer la fronde des extrémistes israéliens opposés à la libération de 26 Palestiniens faisant partie des 104 détenus de longue date appelés également à retrouver progressivement le chemin de la liberté pour être expulsés directement vers l'étranger. Une autre décision qui risque de fâcher les dirigeants palestiniens à Ramallah et renforcer la position du Hamas jugeant « futile » la reprise des négociations avec le gouvernement israélien.