Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, a tenu à exprimer son avis sur le mandat d'arrêt lancé par la justice algérienne à l'encontre de Chakib Khelil, pour dire qu'il faut arrêter le lynchage contre l'ex-ministre de l'Energie. Pour Me Ksentini, l'Algérie ambitionne d'instaurer une société de droit où la présomption d'innocence est fondamentale. « Quelqu'un qui est poursuivi par la justice est innocent jusqu'à que les preuves attestent de sa culpabilité », estime le juriste pour qui les poursuites judiciaires ne se fondent pas avec les soupçons. « Chakib Khalil ne sera coupable que sur le fondement des preuves légales portées contre lui », a ajouté Me Ksentini qui lance un appel aux médias algériens pour « tempérer » leurs jugements sur Chakib Khelil car, selon lui, « rien n'est encore prouvé contre lui ». Le président de la CNCPPDH n'hésite pas à faire le parallèle avec l'affaire Bernard Tapie lorsqu'il a été poursuivi par la justice française pour avoir soutiré plus 400 millions à l'Etat français. « Durant cette affaire, Bernard Tapie n'a pas été lynché par les médias français qui ont attendu le procès pour pouvoir ensuite s'exprimer », signale-t-il. Concernant l'extradition de Chakib Khalil, qui s'est dit prêt à se présenter devant la justice algérienne pour défendre son cas, Me Ksentini explique qu'il peut bénéficier du privilège de juridiction en tant qu'ex-ministre pour passer devant la Cour suprême. Cependant, le président du CNCPPDH s'interroge sur les mécanismes ayant autorisé le procureur général près la cour d'Alger à lancer un mandat d'arrêt international à l'encontre de l'ancien ministre. « Il n'est pas habilité à le faire, c'est du ressort de la Cour suprême, car l'affaire Chakib Khelil dépend de cette Cour », estime Me Ksentini, qui cite comme exemple le cas de l'ex- wali de Blida, Mohamed Bouricha, qui est passé devant la Cour suprême. Pour ce qui est de l'opinion publique, qui spécule sur les mandats d'arrêt lancés contre Chakib Khelil et Abdelmoumene Khalifa, Me Ksentini dira qu'il ne faut pas confondre entre « un petit escroc et un ministre comme Chakib Khelil, qui a trop de respect pour lui-même pour ne pas venir défendre son cas. »