L'affaire Sonatrach II dans laquelle le nom de Chakib Khelil est souvent revenu, a fait couler beaucoup d'encre. L'annonce d'un mandat d'arrêt international lancé contre lui par la justice algérienne a précipité les choses. Pour en savoir plus, nous avons contacté maître Ksentini, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme. Le Temps d'Algérie : Chakib Khelil a nié hier, via certains quotidiens nationaux, toute relation avec les affaires de corruption dont on l'accuse. Il se dit même prêt à se présenter devant la justice sans aucune crainte, à condition que le procès soit équitable. Qu'en pensez-vous ? Me Farouk Ksentini : Ce serait une bonne chose pour la justice et pour lui. Dans ce cas-là, il sera interrogé par la justice en vue de fournir des justifications. C'est donc une bonne nouvelle pour lui et pour tout le monde. Chakib Khelil a assuré, hier, dans la presse nationale, qu'il n'a pas la nationalité américaine. Est-ce que cela facilitera son extradition ? S'il n'a pas de nationalité autre qu'algérienne, cela facilitera l'examen de la procédure de demande d'extradition et l'exécution du mandat d'arrêt. Les choses seront faciles pour toutes les parties et le procès sera équitable. S'il y a extradition, combien de temps cela prendra-t-il, selon vous ? Un mandat d'arrêt international a certes été lancé par la justice algérienne. Mais il faut savoir que les procédures d'extradition sont longues. Vous avez le cas de Khalifa Abdelmoumene. Un exemple qui prouve que les extraditions sont très complexes et prennent beaucoup de temps avant de se concrétiser.
Ne pensez-vous pas que la presse est pour quelque chose dans la chute de Chakib Khelil ? Justement, à ce propos, je voudrais dire une chose. Je ne comprends pas pourquoi cet ex-ministre est accusé sans aucune preuve. Pour le moment, il n'y a que la presse qui parle de corruption et autres détournements. L'Algérie est un pays de droit. Chakib Khelil doit bénéficier de la présomption d'innocence. Il faut respecter la présomption d'innocence. Pourtant, le procureur général près la Cour d'Alger a parlé de «preuves» ayant motivé le juge d'instruction pour le lancement du mandat d'arrêt international… Le procureur général près la Cour d'Alger n'a pas parlé de preuves. Il a évoqué une présomption. Tout ce qu'il y a, pour le moment, ce sont les propos de Farid Bedjaoui, l'autre accusé principal dans l'affaire Sonatrach II, qui dit avoir versé de l'argent en espèces à Chakib Khelil dans le cadre de l'affaire Saipem. Il n'y a aucune preuve confortant les propos de Farid Bedjaoui. Vous savez, l'ex-ministre Chakib Khelil n'a pas encore été auditionné par le juge d'instruction. Il ne peut donc être déclaré coupable pour le moment. Ajouter à cela, il faut une confrontation, une expertise et une vérification comptable pour arriver à une inculpation ou non.