Les assaillants ont attaqué à la roquette deux minibus de la police qui se rendaient à Rafah, fermé, désormais, à toute activité. Au moins 25 policiers ont péri dans l'un des attentats les plus meurtriers, en représailles probablement à la mort par asphyxie de 36 détenus islamistes lors d'une tentative d'évasion entreprise pendant le transfert de 600 prisonniers vers une prison située dans la banlieue de la capitale. Cette attaque, qui porte à 73 le nombre de victimes dans cette région sensible, depuis la destitution de Morsi, porte la griffe des groupes Al-Jihad et Al Gama Al-Islamiya, présents en force depuis les années 1990. Une attaque, qualifiée de « terroriste » par le gouvernement intérimaire, qui affirme avoir éliminé près de 70 « terroristes » durant la même période. Cet attentat relance le bras de fer entre le mouvement islamiste dans toute sa composante, prônant l'union sacrée, et les autorités qui promettent une réponse « des plus énergiques » aux islamistes qui ont fait le choix de la « violence ». L'armée, qui se prévaut de la légitimité populaire dans la lutte contre le terrorisme, entend ainsi conforter le caractère légal de son combat en bannissant les « comités de quartier ». L'Egypte, « sur la bonne voie », selon le chef de la diplomatie, Nabil Fahmy, se refuse de céder aux tentations revanchardes. « Ce n'est pas un conflit politique entre diverses factions, mais une lutte de tous les Egyptiens contre le terrorisme », a estimé le patriarche d'Alexandrie des coptes. C'est assurément cette dimension nationale et démocratique du combat contre le terrorisme qui suscite le soutien de la communauté catholique copte, récusant le sectarisme et une quelconque fracture entre les chrétiens et les musulmans. Dans un communiqué transmis, hier, à l'agence épiscopale italienne SIR, le patriarche Ibrahim Isaac Sidrak, a exprimé le soutien « ferme, conscient et libre » à la police et aux forces armées et le « refus catégorique de toute ingérence dans les affaires intérieures et de toute tentative d'influer sur ses décisions suprêmes de quelque côté que cela provienne ». C'est que, en effet, alors que la contestation des Frères musulmans décline, les pressions occidentales vont crescendo. Hier, un porte-avions américain a franchi le Rubicon. « L'USS Harry Truman », qui remplacera « l'USS Nimitz », a passé, en pleine turbulence égypto-américaine, le canal de Suez en direction du Golfe pour effectuer au cours des prochains mois des « opérations de sécurité maritime ». En Europe, le « message fort » s'apparente à la suspension de l'aide financière (5 milliards d'euros) à l'Egypte pour la période 2012-2014, voire l'arrêt de la livraison d'armes, du reste soumise à de sérieuses divergences exprimées nettement par le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, jugeant qu'il « ne serait pas avisé de suspendre maintenant une aide essentiellement sociale ». Mais la menace européenne a été contrebalancée par l ‘Arabie saoudite qui est prête à compenser le manque à gagner. « Ceux qui ont annoncé l'arrêt de leur aide à l'Egypte ou menacent de le faire doivent réaliser que la nation arabe et islamique, avec les ressources dont elle dispose, n'hésitera pas à apporter son aide à l'Egypte », a déclaré le prince Saoud qui a déjà annoncé une aide de 5 milliards de dollars après le renversement de Morsi. Echec aux ingérences européennes velléitaires.