« Alors, qu'allons-nous faire ? Y aura-t-il une rencontre à El Aurassi ou irons-nous directement à Hydra », se sont interrogés les uns et les autres. Le réflexe professionnel a fait qu'une bonne partie des journalistes s'est donné rendez-vous à El Aurassi pour voir ce qui se passe et se rendre en cas de non-tenue de cette session au siège du parti. Sur place, on se rend compte que les derniers préparatifs pour lancer les travaux de cette session ont déjà commencé. Le dispositif sécuritaire chargé du contrôle d'accès est déjà mis en place. Un grand nombre des membres du CC est déjà sur place. Saïdani confiant Des membres du CC, députés et sénateurs attendaient dans les couloirs l'arrivée de Amar Saïdani, « le candidat du consensus ». Approché par les journalistes, Saïdani était très confiant. « La réunion du CC est maintenue. Nous allons commencer les travaux dans quelques minutes », a-t-il dit. Sur les raisons de ce retard et la décision du Conseil d'Etat d'annuler cette session, il dira que son groupe attend juste la réception de l'autorisation de l'administration pour entamer les travaux. « L'autorisation est prête. Nous attendons de la récupérer, l'administration ouvre à 8h », a-t-il précisé. Selon lui, « l'opposition et le complément d'information introduits par son groupe étaient largement suffisants pour annuler la décision du Conseil d'Etat ». La salle se remplissait au fur et à mesure. Tout s'est déroulé dans le calme. Nous sommes loin du climat de tension et des rivalités ayant caractérisé les réunions du comité central du FLN ces dernières années. « J'étais candidat mais je me suis retiré en soutien au candidat du consensus », nous dira Saïd Bouhadja, membre du CC et ancien porte-parole du FLN. « Pour moi, Saïdani est capable d'assumer la responsabilité, de gérer les affaires du parti », a-t-il ajouté. 11h30. Tout le monde a pris place dans la salle où se déroulent les travaux. Sont visibles à la première rangée, les ministres, d'anciens ministres, les sénateurs et d'anciens cadres du parti et cadres de la centrale syndicale. On peut citer Djamel Ould Abbas, Tayeb Louh, Rachid Benaïssa, Moussa Benhamadi, Abdelhamid Si Afif, Ayachi Daâdoua, Hachemi Djiar, Mahmoud Khedri. L'absence des trois ministres et membres du bureau politiques, à savoir Amar Tou, Abdelaziz Ziari et Rachid Haraoubia, était, néanmoins, fort remarquée, tout comme celle d'Abdelaziz Belkhadem, ancien SG du parti qui a remis une procuration à un membre du parti. Dans un coin de la salle, deux urnes transparentes et des bulletins de couleur rouge y sont posés. Deux isoloirs sont également installés quelques mètres plus loin. 264 membres du CC présents Ahmed Boumehdi, initiateur de cette session, a présidé la réunion avec à ses côtés les deux sénateurs Leïla Boutaleb et Abdelkader Zahali. « Nous avons enregistré la présence de 264 membres du CC. Le quorum est atteint. Nous pouvons donc entamer les travaux qui consistent à poursuivre puis clôturer la dernière session du CC ouverte en janvier dernier », a-t-il précisé. Dans le détail, cela donne 251 membres du CC présents et 13 par procuration, soit un total de 264 alors que 15 étaient absents sans justification. « Le seul point inscrit à l'ordre du jour est l'élection du secrétaire général du parti », a précisé M. Boumehdi avant d'appeler les membres de la commission de candidatures. Ali Merabet a pris la parole pour rappeler les articles du statut du parti sur les élections. M. Boumehdi est revenu à la salle pour annoncer la présence de 271 personnes après que d'autres membres du CC eurent rejoint les lieux. L'ouverture des candidatures a été marquée par le retrait de l'autre postulant à ce poste, en l'occurrence Mustapha Mazouzi. « J'ai décidé de retirer ma candidature au profit d'Amar Saïdani par souci de préserver l'unité des rangs », a-t-il déclaré. C'est Mohamed Madani El Haoued, sénateur du tiers présidentiel, qui a annoncé la candidature d'Amar Saïdani au poste de SG. « Nous avons un seul candidat dont le vote va se faire à main levée », a annoncé le président de la commission des candidatures. Appel à l'unification des rangs Amar Saïdani a été élu, à l'unanimité, nouveau SG du FLN. « La confiance que vient de m'attribuer le CC est très lourde. Elle intervient, comme tout le monde le sait, dans une conjoncture difficile où le pays et toutes ses institutions ont besoin de notre mobilisation. Que nos efforts se dirigent vers la protection du pays et ses intérêts », a souligné Saïdani dans une brève allocution prononcée après son plébiscite. Pour lui, « le FLN est la colonne vertébrale de cette mobilisation sur laquelle va s'appuyer le peuple pour éviter les dangers ». Le nouveau SG a rappelé la position de leader de son parti qui détient la majorité dans toutes les assemblées aux niveaux national et local. « Nous comptons sur le FLN dans le développement, la stabilité et la protection des institutions de l'Etat que certaines parties tentent de déstabiliser. » S'adressant « à la minorité » se trouvant à l'extérieur de la salle, il dira : « nous voulons l'unification du parti et nous les appelons à la réconciliation. Renoncez donc aux insultes, aux paroles blessantes et aux échanges d'hostilités pour l'intérêt du pays. » Lors de la conférence de presse, Amar Saïdani est revenu sur la décision d'annulation du Conseil d'Etat, affirmant qu'« il n'y a pas eu de contradiction dans les décisions de justice ». « Le Conseil d'Etat est souverain et je ne discute pas ses décisions. Il a renvoyé le dossier au tribunal administratif qui a tranché en notre faveur », a-t-il affirmé, précisant que le CC a juste besoin d'une autorisation de l'administration pour se réunir. « Nous sommes un parti politique et avons le droit de se réunir et c'est ce qui a été fait, conformément à la loi », a-t-il signalé. Interrogé sur sa présumée implication dans des affaires de corruption, M. Saïdani lancera : « Je défie quiconque d'en apporter la preuve. Celui qui détient un dossier, je le défie de le présenter à la justice. » Et de s'interroger : « Pensez-vous qu'un voleur peut être à la tête du Parlement, élu à la tête du parti avec 300 voix et que la justice garde le silence ? » Selon lui, l'affaire de détournement de 3.200 milliards « n'existe que dans la presse ». A propos de la présidentielle de 2014, Amar Saïdani observera que ce scrutin aura lieu en avril prochain et que d'ici là, Bouteflika reste le président de l'Algérie. « Le CC va se réunir pour désigner le candidat du FLN. Je ne peux pas décider à la place du CC qui est la seule instance habilitée à se prononcer sur cette question. Pour le moment, le CC n'a présenté aucune candidature à cette échéance », a-t-il précisé. Selon lui, la mission de réconciliation avec le clan Belayat, qui rejette les décisions de cette session, sera confiée aux anciens cadres et personnes sages du FLN ayant une grande expérience. Le nouveau SG du parti a déjà tranché la question du renouvellement des structures de l'APN. « Nous allons procéder à l'élection pour connaître les représentants du FLN dans ces structures », a-t-il annoncé, affirmant que ce conflit a eu lieu « en raison de l'absence d'un responsable à la tête du parti pour prendre une décision ». Pour lui, « le FLN doit se soumettre au règlement de l'APN et non pas l'inverse ».