Désorganisée, mal encadrée en amont, la filière des viandes rouges subit des aléas qui pénalisent surtout les petits éleveurs. Pour tenter d'y mettre de l'ordre, le ministère de l'Agriculture a décidé de créer un conseil interprofessionnel, à l'instar des filières avicole et céréalière. « Cette nouvelle structure regroupera aussi bien les éleveurs que les représentants de la profession et des structures relevant du secteur de l'agriculture », a annoncé, jeudi, le ministre de l'Agriculteur et du Développement rural, Rachid Benaïssa, lors d'une rencontre de concertation avec les acteurs de la filière. Un espoir pour notamment ceux qui élèvent leurs troupeaux dans les régions pastorales à l'ancienne, car le manque d'eau et d'aliments de bétail rend leur tâche difficile. Ce qui impacte la production et les prix. Bien que les prix élevés « soient l'œuvre des intermédiaires qui se multiplient », a rappelé le ministre. « Les éleveurs appartiennent à deux catégories : ceux qui élèvent leur bétail sous le climatiseur et ceux qui les élèvent dans la neige. Ceux à qui on donne des quantités suffisantes d'orge pour nourrir leurs moutons et ceux à qui on donne des quantités très réduites d'aliments et à des prix élevés », révèlent des éleveurs qui déplorent la spéculation dont fait l'objet l'orge. En outre, les petits éleveurs regrettent l'absence de puits d'eau spécifiques à l'élevage. « Nous devons parcourir plus de 20 km pour avoir de l'eau pour nous et pour nos troupeaux. Il y a bien des oueds mais nous n'avons pas le droit de circuler librement pour abreuver notre bétail », confient-ils, soulignant les difficultés financières et administratives pour acquérir un véhicule qui leur faciliterait le transport de l'eau notamment. Des difficultés qui n'encouragent pas l'émergence de la relève. « La banque ne peut pas financer l'élevage en l'absence d'un décret permettant l'octroi de crédit pour ce genre d'activités. Or, les jeunes exigent des méthodes modernes d'élevage qui nécessitent des investissements », soulignent ces mêmes éleveurs. L'absence d'une véritable relève risque de creuser encore plus l'écart entre la production et les besoins nationaux en viandes rouges. Dans les années 60, le cheptel ovin était estimé à 9 millions de têtes pour 9 millions d'habitants. « Aujourd'hui, le cheptel est à 24 millions de têtes, mais en contrepartie, nous avons 38 millions habitants », faera savoir le ministre. Il précisera, toutefois, que la production de viandes rouges a évolué ces dernières années, passant de 3,7 millions de quintaux en 2010 et à 4,4 millions de quintaux en 2012. C'est ce qui a permis une réduction des importations, estimées, quand même, à 100 millions de dollars au cours du premier semestre 2013. Par ailleurs, les éleveurs déplorent que les projets d'abattoirs industriels, lancés il y a cinq ans, ne soient toujours pas concrétisés. A ce propos, le ministre a assuré qu'ils le seront bientôt, et celui Hassi Bahbah (wilaya de Djelfa) sera réceptionné dans quelques mois. Dans ce contexte, M. Benaïssa se réjouit que la production bovine se soit beaucoup améliorée. « Une nouvelle activité a émergé. Il s'agit de l'engraissement des bovins. Au cours du premier semestre de cette année, 23.000 bovins ont été destinés à l'engraissement. C'est ce qui explique, entre autres, la diminution de l'importation de la viande bovine congelée », conclut-il.