La France de Hollande veut se replacer dans l'échiquier, en plaidant pour une résolution « forte et contraignante » contre la syrie qu'elle doit présenter dans une semaine au Conseil de sécurité. Mais le niet russe condamne à l'avance l'initiative française vouée à l'échec. Un autre revers qui menace la France d'un enlisement certain dans les méandres d'une crise dénoncée par l'opinion interne et la communauté internationale. Même si Moscou et Paris ont réaffirmé, à l'issue de la visite de Laurent Fabius, leur volonté de travailler à la solution politique, les divergences persistantes ont plombé une rencontre des extrêmes. L'impossible partenariat bute sur les différences d'approche entre Moscou, qui a des « raisons sérieuses » de croire que l'affaire des armes chimiques est une « provocation », et Paris qui soutient mordicus n'avoir « aucun doute » sur la culpabilité du régime syrien. Le fossé s'élargit davantage, s'agissant notamment du refus russe de placer la résolution du Conseil de sécurité sous le chapitre VII autorisant le recours à la force. « La résolution qui devra approuver la décision de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques ne sera pas sous chapitre VII, nous l'avons dit clairement à Genève », a réitéré le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à son homologue français. Sous pression, Damas accuse l'Occident de vouloir « imposer sa volonté au peuple syrien ». Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères syrien considère, à cet effet, que « le prétendu soutien des Etats-Unis et de leurs alliés à une solution politique à la crise en Syrie contredit leurs tentatives permanentes d'imposer leurs conditions et de soutenir des groupes qui pratiquent la violence et le terrorisme en Syrie ». La riposte syrienne se légitime par la stratégie des deux fers au feu de Washington contractant l'accord de Genève, conçu dans une démarche de légitimation des frappes militaires, rendue, dans un premier temps, caduque, par l'absence de l'aval du Conseil de sécurité, les réticences de l'opinion publique américaine, majoritairement opposée, et le refus de la communauté internationale, inquiète des conséquences de déflagration régionale. Le rapport de la commission d'enquête se devait de faire le reste pour lancer l'expédition punitive. Les Russes et les Syriens ont beau insister sur la piste de la rébellion disposant elle aussi du gaz sarin utilisée, par ailleurs, dans une région sous son contrôle. Selon un haut responsable des services de sécurité, « les terroristes fabriquent localement des missiles sol-sol, et ce qui est le plus probable, c'est qu'ils les ont utilisés pour transporter cette matière », en faisant part de la découverte d'un laboratoire de fabrication à Mossoul (Irak), une région sunnite pro-rébellion, et l'arrestation par la Turquie de onze islamistes en possession de gaz sarin. La thèse de la responsabilité de la rébellion n'intéresse pas Washington, Paris et Londres qui, d'une même voix, ne veulent aucunement douter de la culpabilité du régime de Bachar El Assad. Même si le rapport « accablant » des enquêteurs, exhibant des « preuves flagrantes et convaincantes » sur une utilisation des armes chimiques sur « une échelle relativement grande », n'a pas vocation d'identifier le ou les coupables, il est « extrêmement clair » pour eux que le régime syrien est directement visé. Pourtant, les « preuves sur la partie qui a utilisé cette matière » ne manquent pas pour le responsable syrien des services de sécurité. « Bien sûr que les rebelles savent placer du gaz sarin dans les ogives des missiles. Ils ont été entraînés par les services secrets américains, français et britanniques qui se trouvent à leurs côtés sur le terrain », précise-t-il.