L'Algérie abrite l'un des sites les plus importants au monde et qui suscite la curiosité des chercheurs aussi bien algériens qu'étrangers. Entamées en 1947, les fouilles sur le site de Ain Lahnèche, situé à quelque kilomètres d' El Eulma se poursuivent de nos jours, sous l'égide d'un chercheur algérien, le Dr Mohamed Sahnouni, archéologue, qui a fait ses études universitaires à Alger, puis à Paris pour enfin décrocher son PHD à l'Indiana University (USA) où il est chercheur actuellement. Il prend ainsi la relève du paléontologue C. Arambourg qui a découvert ce site en 1947. Les fouilles ont repris en 1992 et jusque-là « plus de 200 étudiants en post-graduation se sont également intéressés au site », selon des responsables. Preuve de sa valeur historique, une équipe de chercheurs du site préhistorique d'Atapuerca en Espagne a assisté aux fouilles. Des outils trouvés (silex) et des traces constatées sur les os des animaux (hippopotame....) faits par l'homme de Ain Lahnèche depuis 1,8 million d'années, fait dire aux chercheurs qu'il « vivait dans un paysage de savane semblable à celui d'Afrique subsaharienne actuelle ». Les chercheurs sont certains de pouvoir trouver les os de l'homme. Une dent d'un crocodile a déjà été identifiée avec l'aide du paléontologue hollandais Jan van Der, présent sur le site. Ces éléments militent en faveur du classement de la région de Ain Lahnèche pour « en faire une réserve protégée ». 884 fragments d'ossements d'animaux fossilisés provenant de la faune sauvage qui peuplait, dans le paléolithique inférieur (deux millions d'années environ), la région de Ain Lahnèche, ont été remis au musée national archéologique de Sétif. Ils sont le résultat de fouilles menées entre 1992 et 2002 par une équipe de 15 archéologues algériens et étrangers, sous la direction du chercheur, Mohamed Sahnoun. Les fouilles qu'il a dirigées sur les trois sites voisins de Aïn Boucherit, Aïn Lahnèche et El-Kherba avaient déjà donné lieu, en 2005, à la remise au musée de Sétif de nombreux fragments d'objets et d'outils divers, datant de la même époque, et qui attestent d'une « présence humaine remontant à près de 2 millions d'années dans le bassin de Aïn Lahnèche ». Un Bassin que le Dr Sahnouni présente comme « l'un des plus anciens sites archéologiques dans le monde ». SCIPION L'AFRICAIN ET LE BÉTON ALGÉRIEN Les sites de Sétif, Djemila, Aïn Lahnèche sont perçus comme en danger car c'est un « patrimoine unique qui pourrait s'effacer ». D'ailleurs, Aïn Lahnèche se veut « un précieux héritage », témoin de la préhistoire et de la première présence humaine en Afrique du Nord et dans le monde. La diversité archéologique de la région est soulignée, aussi, à travers le site d'Ikdjan, sis à Beni Aziz à 60 km de Sétif et qui marque, selon les chercheurs, l'époque des Fatimides au Maghreb central. Une collection de céramiques et de poteries fatimides y a été découverte. Un autre site, Djemila, du nom romain Cuicul, à quelque 27 km au nord-est de Sétif, a 19 siècles d'existence. La ville a gardé intacts ses arcades et ses remparts. Les recherches ont fait apparaître qu'une « infime partie des vestiges a été révélée », la grande partie de l'histoire de la ville reste enfouie. Djemila est aujourd'hui l'objet d'une grande attention des responsables du patrimoine qui ont procédé à la délimitation du site face à l'expansion du béton. Ce n'est pas le cas d'un autre monument tel le mausolée de Scipion l'Africain. Il est dans « une situation regrettable avec les constructions qui empiètent sur son site », reconnaissent les responsables du patrimoine dans cette ville. Ce sont les instruments d'urbanisme tels les plans d'occupation des sols, les plans d'urbanisme qui « peuvent nous aider à protéger les patrimoines historiques de la déperdition » et cette situation est « identique au patrimoine historique en général dans notre pays », soutient M. Osmani, chercheur au Musée de Sétif. K. D.