Ali Khodja, Hmaidia Zoubir, Henri Maillot et Abderrahmane Ben Salem. Quatre noms inextricablement liés au succès de toutes les opérations et embuscades menées par les moudjahidine dans différentes wilayas du pays et ayant eu un écho à travers tous les continents. Les faits, sont, pour la majorité des Algériens, méconnus, pourtant il s'agit bien de chouhada qui ont tout donné pour que vive l'Algérie. Pour la première fois depuis sa création, le forum de la mémoire d'El moudjahid a évoqué, hier, un haut fait d'armes : le détournement d'armes de casernes françaises durant la Révolution. Un fait inédit, qui permettra sans aucun doute aux historiens de dépoussiérer des dossiers jusque-là occultés. Le thème de la conférence a permis aux invités et intervenants, à l'image du directeur général des Archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, du Moudjahid Salah Rahmani et de la moudjahida et sénatrice, Leila Taib, de révéler un des glorieux chapitres de la guerre d'Algérie, œuvre de jeunes Algériens épris de justice. Le moudjahid Salah Rahmani revient, à l'occasion, sur la minutieuse tactique tracée par Said Bentobal, Souidani Boudjemaâ et Amar Ouamrane pour détourner des armes lourdes de la caserne de Boufarik. « Le butin était important, nous avions pu prendre 10 armes de guerre » a-t-il rappelé, soulignant que le détournement de ces armes a donné un nouveau souffle à la guerre de libération et a fait retentir la voix de l'Algérie dans le monde. Confirmant ces faits, Mme Taib revient sur le parcours de son époux, le chahid Zoubir Hmaidia, particulièrement le détournement d'armes à Sebabna en février 1956. « Les moudjahiddine n'avaient, à l'époque, que quelques armes légères. Ils voulaient des armes lourdes, des mitrailleuses surtout, pour mener à bien leurs embuscades. Une opération d'une telle envergure leur a fallu une année de préparation » témoigne Mme Taib, rappelant que l'attaque a fait 16 morts parmi les soldats français. « Un pas de grande importance pour les révolutionnaires, puisque bon nombre d'officiers de l'armée française ont déserté leur camp pour rejoindre le maquis » relève-t-elle. Les intervenants ne manquent pas de citer Henri Maillot qui avait déserté l'armée coloniale en 1956 pour rejoindre les maquis de la guerre de Libération nationale, après avoir détourné un camion plein d'armes et de bombes au profit de la cause nationale. Succinct dans son intervention, le directeur général des Archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, relève que le choix de ce thème par l'association machaâl El Chahid suscitera certainement l'intérêt des historiens pour approfondir leurs recherches à ce sujet. Pour M.Chikhi, il est temps de faire la lumière sur toutes les étapes de la lutte armée, notamment les détails qui n'ont jamais été divulgués.