Le nouveau pacte d'actionnaires en vertu duquel le groupe Sider détiendra, désormais, 51% des parts et ArcelorMittal 49%, a été signé, hier à Alger, en présence du ministre du Développement industriel et de la Promotion des investissements, Amara Benyounes, du secrétaire général de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, et du président du Groupe ArcelorMittal, Lakshmi Mittal. Du côté algérien, le pacte a été signé par M. Hasnaoui Chiboub, président du conseil d'administration de Sider, et du côté indien, par M. Sudhir Maheshwari, directeur financier et corporate Merger and Acquisition d'Arcelor Mittal, et Vincent Legouic, président du Conseil d'administration d'ArcelorMittal Annaba. Dans son intervention, M. Amara Benyounes a souligné que cet accord « historique » contribuera à la croissance économique du pays, surtout qu'il s'inscrit dans la démarche de redynamisation de la machine productive industrielle. Les 6.500 travailleurs que compte le Complexe d'El Hadjar seront, selon lui, les premiers bénéficiaires de cet accord dans lequel est inscrite la concrétisation d'un plan d'investissement de près d'un milliard de dollars dont 720 millions représentent des investissements directs et 120 constituent les apports en numéraire des deux actionnaires. Dans le cadre de cet investissement, les banques algériennes contribuent en accordant 600 millions de dollars avec des conditions avantageuses, a précisé le ministre, avant d'ajouter que le fonds de roulement du complexe est de l'ordre de 355 millions de dollars. A la question de savoir combien cela a-t-il coûté à l'Algérie pour récupérer 21% des parts du complexe d'El Hadjar Annaba pour devenir actionnaire majoritaire avec 51%, le ministre dira que « ces actions ont été cédées gracieusement par ArcelorMittal ». Il va sans dire que cet investissement permettra de « contribuer significativement à la satisfaction des besoins croissants du marché national en produits sidérurgiques et d'assurer la compétitivité et donc, la pérennité du Complexe Sidérurgique d'El-Hadjar ». Les partenaires s'engagent à porter la production à 2,2 millions de tonnes par an L'objectif, souligne-t-il, étant d'accroître sa capacité de production de 1 million à 2,2 millions de tonnes de produits sidérurgiques par an d'ici à l'horizon 2017 et d'avoir une meilleure flexibilité dans le mix produits (produits plats-produits longs) pour mieux s'adapter aux besoins du marché des produits sidérurgiques. Ce plan de développement permettra également de maitriser la production des aciers à forte valeur ajoutée et de réhabiliter la filière fonte afin de promouvoir les activités minières de l'Ouenza et Boukhadra. M. Benyounes a fait savoir que le marché national des produits sidérurgiques se situe autour d'une consommation moyenne de moins de 140kg/hab/an, « une moyenne plutôt basse au regard des standards internationaux, avec une prédominance des aciers pour la construction (rond à béton et fil machine) qui représentent 57% du total, ce qui dénote d'un potentiel important de progression. La demande nationale, qui est estimée à 5 millions de tonnes par an, croit d'environ 6% par an, un taux largement supérieur au taux de croissance du PIB ». Selon lui, le marché national est satisfait par la production nationale à moins de 10% des besoins, pour l'essentiel du Complexe d'El-Hadjar. Et d'ajouter, dans le même sens, qu'« en plus, les capacités installées à El-Hadjar ne sont pas adaptées aux besoins du marché algérien, constitués principalement par les produits longs destinés à la construction. Le plan de développement retenu pour El Hadjar prévoit une nouvelle capacité d'un million de tonnes de produits longs à travers une nouvelle filière électrique ». D'où la nécessité de redoubler d'effort pour pouvoir couvrir, par la production nationale, à l'horizon 2020, au moins 75% de nos besoins en produits sidérurgiques. M. Amara Benyounes a souligné que concernant la production de pré-réduits, celle-ci sera assurée par l'utilisation de matière première locale à travers l'exploitation des gisements de minerai de fer de Gara Djebilet et de Mecheri Abdelaziz (Wilaya de Tindouf). De son côté, M. Lakshmi Mittal, président du Groupe ArcelorMittal, a, tout en qualifiant cet accord de partenariat « d'excellent », indiqué que sa direction œuvrera à ce que « Annaba devienne une région spécialisée dans l'industrie sidérurgique et contribue à la couverture des besoins du marché national ». Il a, dans ce cadre, informé que dans un premier lieu, il est prévu la mise en place d'une ligne électrique d'une capacité de 1,1 million de tonne. Il informera, en outre, qu'un programme de formation sera lancé au profit des travailleurs dans le cadre de la revalorisation de la ressource humaine, et un autre pour la modernisation des équipements dans les deux unités de Annaba et de Tebessa. Les travailleurs appelés à assurer une stabilité sociale « Le pacte de stabilité sociale, signé le 10 septembre, entre le syndicat, l'employeur ArcelorMittal Annaba et les actionnaires, est une condition nécessaire pour la mise en œuvre dans un climat serein et apaisé, du plan de développement projeté », a indiqué le ministre, avant d'ajouter qu'« avec l'investissement colossal engagé, il appartient, désormais, aux parties prenantes, « de tout mettre en œuvre pour la réussite de cet important challenge ». Dans le même cadre, Benyounes a indiqué que ce plan prend en compte deux autres principales causes de dysfonctionnement identifiées. En terme industriel, il s'agit de pallier la vétusté et à l'obsolescence des installations. Dans ce cadre, il est prévu, a-t-il dit, la construction de nouvelles lignes modernes de production de produits longs, en plus de la réhabilitation de la filière fonte, et des actions de modernisation des unités de produits plats. Sur l'aspect managérial, il fallait régler la déperdition des compétences techniques et managériales. La reconfiguration de l'actionnariat et le nouveau mode de gouvernance de la société sont programmés pour dépasser cet écueil. Ainsi, le président du conseil d'administration,sera un Algérien, nommé par Sider alors que son partenaire, ArcelorMittal, a été chargé de la nomination du directeur général du complexe.